Dans l’île Saint-Louis, le long d’un quai désert,
L’autre soir je passais ; le ciel était couvert,
Et l’horizon brumeux eût paru noir d’orages,
Sans la fraîcheur du vent qui chassait les nuages ;
Le soleil se couchait sous de sombres rideaux ;
La rivière...

Poet: Sainte-Beuve

 
    Oh ! que la vie est longue aux longs jours de l’été,
Et que le temps y pèse à mon cœur attristé !
Lorsque midi surtout a versé sa lumière,
Que ce n’est que chaleur et soleil et poussière ;
Quand il n’est plus matin et que j’attends le soir,
Vers trois...

Poet: Sainte-Beuve

      Voici quatre-vingts ans, — plus ou moins, — qu’un curé,
On plutôt un vicaire, au comté de Surrey
Vivait, chétif et pauvre, et père de famille ;
C’était un de ces cœurs dont l’excellence brille
Sur le front, dans les yeux, dans le geste et la voix ;
Gibbon...

Poet: Sainte-Beuve

Dans ce cabriolet de place j’examine
L’homme qui me conduit, qui n’est plus que machine,
Hideux, à barbe épaisse, à longs cheveux collés :
Vice et vin et sommeil chargent ses yeux soûlés.  
Comment l’homme peut-il ainsi tomber ? pensais-je,
Et je me reculais à l’...

Poet: Sainte-Beuve

Quand, de la jeune amante, en son linceul couchée,
Accompagnant le corps, deux Amis d’autrefois,
Qui ne nous voyons plus qu’à de mornes convois,
À cet âge où déjà toute larme est séchée ;

Quand, l’office entendu, tous deux silencieux,
Suivant du corbillard la...

Poet: Sainte-Beuve

      Ô pensive Sara, quand ton beau front qui penche,
Léger comme l’oiseau qui s’attache à la branche,
Repose sur mon bras, et que je tiens ta main,
Il m’est doux, sur le banc tapissé de jasmin,
À travers les rosiers, derrière la chaumière,
De suivre dans le ciel...

Poet: Sainte-Beuve

Assis sur le versant des coteaux modérés
D’où l’œil domine l’Oise et s’étend sur les prés ;
Avant le soir, après la chaleur trop brûlante,
À cette heure d’été déjà plus tiède et lente ;
Au doux chant, mais déjà moins nombreux, des oiseaux ;
En bas voyant glisser si...

Poet: Sainte-Beuve

        Ce qui m’excite à t’aimer, ô mon Dieu,
Ce n’est pas l’heureux ciel que mon espoir devance,
        Ce qui m’excite à t’épargner l’offense,
Ce n’est pas l’enfer sombre et l’horreur de son feu !

        C’est toi, mon Dieu, toi par ton libre vœu
Cloué sur...

Poet: Sainte-Beuve