N’ayez plus mes amis, n’ayez plus cette envie
Que je cesse d’aimer, laissez-moi obstiné,
Vivre et mourir ainsi, puisqu’il est ordonné,
Mon amour c’est le fil, auquel se tient ma vie.
Ainsi me dit la fée, ainsi en Æagrie
Elle fit Méléagre à l’amour destiné,
Et alluma sa souche à l’heure qu’il fut né,
Et dit, toi, et ce feu, tenez-...
J’ai tant vécu, chétif, en ma langueur,
Qu’or j’ai vu rompre, et suis encore en vie,
Mon espérance avant mes yeux ravie,
Contre l’écueil de sa fière rigueur.
Que m’a servi de tant d’ans la longueur ?
Elle n’est pas de ma peine assouvie :
Elle s’en rit, et n’a...
Quand tes yeux conquérants étonné je regarde,
J’y vois dedans au clair tout mon espoir écrit,
J’y vois dedans amour, lui-même qui me rit,
Et me montre mignard le bonheur qu’il me garde.
Mais quand de te parler parfois je me hasarde,
C’est lors que mon espoir desséché se tarit.
Et d’avouer jamais ton œil, qui me nourrit,
D’un seul...
Si contre amour je n’ai autre défense
Je m’en plaindrai, mes vers le maudiront,
Et après moi les roches rediront
Le tort qu’il fait à ma dure constance.
Puisque de lui j’endure cette offense.
Au moins tout haut, mes rythmes le diront,
Et nos neveux, alors qu’ils me liront,
En l’outrageant, m’en feront la vengeance.
Ayant...
Jà reluisait la benoîte journée
Que la nature au monde te devait,
Quand des trésors qu’elle te réservait
Sa grande clé, te fut abandonnée.
Tu pris la grâce à toi seule ordonnée,
Tu pillas tant de beautés qu’elle avait :
Tant qu’elle, fière, alors qu’elle te voit
En est parfois, elle-même étonnée.
Ta main de prendre enfin se...
Or dis-je bien, mon espérance est morte.
Or est-ce fait de mon aise et mon bien.
Mon mal est clair : maintenant je vois bien,
J’ai épousé la douleur que je porte.
Tout me court sus, rien ne me réconforte,
Tout m’abandonne et d’elle je n’ai rien,
Sinon toujours quelque nouveau soutien,
Qui rend ma peine et ma douleur plus fortes....
Puisqu’ainsi sont mes dures destinées,
J’en soûlerai, si je puis, mon souci.
Si j’ai du mal, elle le veut aussi.
J’accomplirai mes peines ordonnées
Nymphes des bois qui avez étonnées,
De mes douleurs, je crois quelque merci,
Qu’en pensez-vous ? puis-je durer ainsi,
Si à mes maux trêves ne sont données ?
Or si quelqu’une à m’...
Ce sont tes yeux tranchants qui me font le courage.
Je vois sauter dedans la gaie liberté,
Et mon petit archer, qui mène à son côté
La belle...
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