Sonnet vingt-trois de vingt neuf

Ce sont tes yeux tranchants qui me font le courage.
Je vois sauter dedans la gaie liberté,
Et mon petit archer, qui mène à son côté
La belle gaillardise et plaisir le volage.

Mais après, la rigueur de ton triste langage
Me montre dans ton cœur la fière honnêteté.
Et condamné je vois la dure chasteté,
Là gravement assise et la vertu sauvage,

Ainsi mon temps divers par ces vagues se passe.
Ores son œil m’appelle, or sa bouche me chasse.
Hélas, en cet estrif, combien ai-je enduré.

Et puisqu’on pense avoir d’amour quelque assurance,
Sans cesse nuit et jour à la servir je pense,
Ni encor de mon mal, ne puis être assuré.

Ce sont tes yeux tranchants qui me font le courage.
Je vois sauter dedans la gaie liberté,
Et mon petit archer, qui mène à son côté
La belle gaillardise et plaisir le volage.

Mais après, la rigueur de ton triste langage
Me montre dans ton cœur la fière honnêteté.
Et condamné je vois la dure chasteté,
Là gravement assise et la vertu sauvage,

Ainsi mon temps divers par ces vagues se passe.
Ores son œil m’appelle, or sa bouche me chasse.
Hélas, en cet estrif, combien ai-je enduré.

Et puisqu’on pense avoir d’amour quelque assurance,
Sans cesse nuit et jour à la servir je pense,
Ni encor de mon mal, ne puis être assuré.

Collection: 
1550

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