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    Je t’adore, Dieu pauvre entre les Immortels,
    Et j’ai tressé pour toi ces roses purpurines,
    Parce que tu n’as point de temples ni d’autels,
    Et que nul tiède encens ne flatte tes narines.

    Nul ne te craint et nul n’implore ta bonté…
    Ceux qui t’honorent sont pauvres, car tu leur donnes,
    Ayant ouvert tes mains vides, la pauvreté ;
    Et ton souffle...

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        Voici le matin clair… Mon âme ouvre les yeux.
        De ses nocturnes yeux ouverts, elle regarde…
        Avec cette stupeur tragiquement hagarde,
        Redoutant la lumière évidente des cieux.

        C’est l’heure que je crains, celle où s’ouvrent les yeux.
        Vient-il donc m’apporter quelque douleur nouvelle,
        Ce matin dont m’atteint la première...

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        Je vous envie autant que je vous aime, oiseaux
        Qui traversez sans moi tout l’infini des eaux.

        Vous qui passez battant tout l’infini des ailes,
        Rendez-moi, rendez-moi comme vous infidèles !

        Que je sois libre ainsi que vous dans le ciel clair,
        Que mon domaine soit le règne de la mer !

        Et partout subissant l’éternelle...

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        Dans l’orage secret, dans le désordre extrême
        Je n’ose avouer à moi-même que j’aime !
        Cela m’est trop cruel, trop terrible… Mais j’aime !

        Pourquoi je l’aime ainsi ? L’éclat de ses cheveux…
        Sa bouche… Son regard !… Ce qu’elle veut, je veux.
        Je ne vis que de la clarté de ses cheveux…

        Et je ne vis que du rayon de ce sourire...

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    Tes sombres anneaux d’améthyste
    S’animent et tremblent un peu
    Sous la jaune lueur du feu…
    Au-dehors la clarté persiste.

    Accueillons le songe, donneur
    D’enchantements et de féeries…
    Mêlons nos âmes attendries
    Et parlons de notre bonheur.

    Parlons du bonheur, ma très chère,
    Comme l’on parle d’un ami,
    Evoquant, en l’âtre endormi...

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        Je possède, en mes doigts subtils, le sens du monde,
        Car le toucher pénètre ainsi que fait la voix.
        L’harmonie et le songe et la douleur profonde
        Frémissent longuement sur le bout de mes doigts.

        Je comprends mieux, en les frôlant, les choses belles,
        Je partage leur vie intense en les touchant.
        C’est alors que je sais ce...

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        Voici le soir… Voici l’orage aux cris amers,
        Et la foule s’assemble au fond de la chapelle
        Où l’on cherche Marie et n’espère qu’en Elle.

        O vaisseau qui se noie en l’abîme des mers,
        O Dieu ! je cherche en vain l’ombre de la chapelle,
        Voici le soir… Voici l’orage aux cris amers.

        Et dans mon cœur sévit la tempête des mers...

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    Oui, je le crois, je suis calme, je suis heureuse.
    L’aube a dû rafraîchir mes tempes de fiévreuse.

    Viens, je te conterai mon passé, si tu veux.
    Et je te parlerai d’abord de ses cheveux.

    Ses cheveux la nimbaient, virginale auréole.
    Elle ne savait pas que la douceur console.

    Ses cheveux blonds étaient plus pâles qu’un reflet,
    Et je l’ai...

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            Une princesse attend, dans un cachot sans jour.
            Elle expie on ne sait quel criminel amour.

            On sait uniquement qu’elle est prédestinée.
            Elle est belle… Elle est jeune… Elle est l’infortunée.

            Cependant le malheur n’a point courbé son front.
            La nuit se fait… Bientôt les bourreaux entreront.

            Elle...

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    Lasse comme les flot, lasse comme les voiles,
    J’entre dans le doux port plein d’embruns et d’étoiles.

    Depuis des temps j’ai vu les plus divins climats
    Et je dors en ce havre où sommeillent des mâts.

    Mon esprit s’est tourné vers des rêves plus sages,
    Je désapprends enfin l’ardeur des longs voyages.

    Tant de rires dorés viennent vous décevoir
    ...