Aux mouettes

 
    Je vous envie autant que je vous aime, oiseaux
    Qui traversez sans moi tout l’infini des eaux.

    Vous qui passez battant tout l’infini des ailes,
    Rendez-moi, rendez-moi comme vous infidèles !

    Que je sois libre ainsi que vous dans le ciel clair,
    Que mon domaine soit le règne de la mer !

    Et partout subissant l’éternelle infortune,
    J’obéirai, muette, à l’ordre de la lune.

    Dans une obéissance au regard somnolent
    J’endurerai son règne intermittent et lent.

    Mais mon sort est parmi les choses méprisées,
    Et pourtant ! Et pourtant ! ― O mes ailes brisées !

Collection: 
1897

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