Souvent, pour alléger ta lourde et morne veille,
Sous tes doigts inspirés la lyre qui s’éveille,
         Mêle d’ineffables accords
Aux mille accords errants qu’exhale la nature,
Aux soupirs de la nuit, au triste et long murmure
         De l’onde expirant...

 
Parés de lauriers éphémères,
Tu vois courir les plus pressés,
Et tu souris à leurs chimères,
Doux rêveur aux calmes pensers.
 
Mais parfois ton esprit s’étonne :
Pourquoi produire avant le temps ?
Les dons savoureux de l’automne
Ne se...

 
S’il est une heure fortunée
Parmi nos heures d’ici-bas,
Une heure de paix couronnée,
Et de trêve à nos vains débats,

C’est l’heure, entre toutes bénie,
Où la strophe aux fraîches senteurs,
Pour nous, au vent de l’harmonie,
S’épanouit en vers...

 
Pourquoi dans ta douleur croissante
Nous fuir sans cesse et t’enfermer ?
Ton cœur d’où la joie est absente,
Poète, a-t-il cessé d’aimer ?

L’arbre de tes belles années
N’a point connu les durs hivers ;
Pourquoi donc ces feuilles fanées
Au lieu de...

 
I fall upon the thorns of life ! I bleed !
SHELLEY

Des ombres du malheur mon front triste se voile,
Mon horizon est sombre et mon jour est obscur ;
Mais dans mon ciel éteint, ô ma fidèle étoile,
Je vois briller toujours ton rayon doux et pur...

 
De nos forêts tige inconnue,
Toi qui de tes fraîches hauteurs
Sur ma route brûlée et nue
As versé tes vierges senteurs ;

Grotte mystérieuse et douce,
Oasis de palmiers couvert,
Fontaine où je puis sur la mousse
Boire avec l’oiseau du désert ;...

 
De nos pensers muets odorant interprète,
Fleur de ma bien-aimée, ô douce violette,
Fleur chère à nos amours et non moins qu’eux discrète,
Va trouver ma Rêveuse au front pâle et charmant,
Va parfumer son sein de ton souffle embaumant,
Va mourir sur son cœur,...

 
Yet there are souls, proud Bard, who feel thee not,
Bounded and blind with but a single thought ;
Who'd tear the laurels from thine honoured brow,
And force us grovelling to their gods to bow;
...

 
Que me voulez-vous donc, rêves de ma jeunesse ?
J’ai clos mes yeux lassés à vos illusions.
Est-il un souvenir où mon passé renaisse ?
Non ! j’ai compté les jours par les déceptions.

De vos espoirs mon âme, hélas ! n’est plus hantée ;
Ma force s’est usée en...

 
Adieu, toi dont la main sur ma pâle existence
De quelques jours heureux a répandu les fleurs,
Toi qui seul as voulu de mon adolescence
Plaindre et partager les douleurs !

Adieu ! Mais ton image en mon âme attendrie
Vivra malgré l'espace et les ans...