Lorsque j’ai travaillé, pensif, sur mon pupitre
Tout le jour, sans voir même éclater à la vitre
Le rayon tiède et clair du soleil automnal,
Je m’arrache parfois à mon logis banal
Et, tout entier au rêve ardent qui m’accompagne,
Je m’en vais lentement le...

 
À Madame Mireille Garcin de Maynard.

Savoir qu’on sera lu par les yeux doux des femmes
Et qu’elles presseront, pendant les soirs d’hiver,
Votre livre imprégné d’un rayon tiède et clair
Qui venant droit du cœur ira droit vers les âmes.

...

 
L’absence ni le temps ne sont quand on aime
MUSSET

L’absence ni le temps ! Et cependant c’était ―
Nous le sentions déjà ― c’était la fin du songe ;
Mais sans nous avouer que le beau vers mentait
Nous nous laissions charmer par cet heureux...

 
Puisque l’Ennui suprême a plissé tous les fronts,
Puisque rien d’héroïque et rien d’incorruptible
N’est plus resté debout au-dessus des affronts
Et que l’Idéal meurt, le front sur une bible,

Puisque sont morts aussi les dieux qu’on écoutait
Quand les vents...

 

Mignonne au front pudique et tendre,
Nous nous aimons d’un amour pur,
Et dés longtemps, triste à t’attendre,
J’entrevoyais tes yeux d’azur.

Comme une étoile lente A naître
Qu’un pâtre attend sur des sommets,
Tu m’éclairais sans me connaître,
...

 
Oh ! l’insipidité des rendez-vous maussades
Qu’on se donne, en hiver, dans un faubourg lointain,
Aux fins d’après-midi, lorsque entre les façades
De rares coins de ciel sont couleur de l’étain.

La femme qu’on attend dans la boue et la pluie,
On sent bien...

 
Loin des villes, des quais, des marchands et des grèves,
Mon vaisseau revenu des plus lointains climats,
Pour que rien ne se mêle aux songes de ses mâts,
S’isole dans la mer qui respecte ses rêves.

Aucune cargaison n’en a rempli les bords,
Il n’a jamais...

 
I

Les réverbères un à un vont s’allumant,
Comme les étoiles
Ou des cires autour d’un poêle.

Et la ville s’endort pensivement…
Plus une cloche ne tinte ;
Toutes les lampes sont éteintes ;
Elles, elles étaient les sœurs des réverbères,
...

 
À F. Le Play.

Les hommes autrefois avaient des foyers stables ;
On gardait la maison où sa mère mourait ;
Et, quand d’autres enfants naissaient, on se serrait
Moins à l’aise, mais plus unis, aux mêmes tables.

Les meubles très anciens...

 
Vivre comme en exil, vivre sans voir personne
Dans l’immense abandon d’une ville qui meurt,
Où jamais l’on n’entend que la vague rumeur
D’un orgue qui sanglote ou du Beffroi qui sonne.

Se sentir éloigné des âmes, des cerveaux
Et de tout ce qui porte au...