Le ciel flambe et la terre fume,
La caille frémit dans le blé ;
Et, par un spleen lourd accablé,
Je dévore mon amertume.

Sous l’implacable Thermidor
Souffre la nature immobile ;
Et dans le regret et la bile
Mon chagrin s’aigrit plus encor.

...

 
À Théodore de Banville.

L’an mil quatre cent trois, juste un mois après Pâques,
Le jour des bienheureux saint Philippe et saint Jacques,
Très-haut et très-puissant Gottlob, dit le Brutal,
Baron d’Hildburghausen, comte de Schnepfenthal,
Grand bailli d...

À Claudius Popelin, maître émailleur.

Après avoir blanchi sous un grimoire antique,
Près du creuset, bravant fagots et Montfaucon,
Sans avoir trouvé l’or ni le basilicon,
L’ancien souffleur mourait, pauvre et sans viatique.

Mais, comme pour...

 

J’AURAI cinquante ans tout à l’heure ;
Je m’y résigne, Dieu merci !
Mais j’ai ce très grave souci :
Plus je vieillis, et moins je pleure.

Je souffre pourtant aujourd’hui
Comme jadis, et je m’honore
De sentir vivement encore
...

Si chétive, une haleine, une âme,
L’orpheline du porte-clés
Promenait dans la cour infâme
L’innocence en cheveux bouclés.

Elle avait cinq ans ; son épaule
Était blanche sous les haillons,
Et, libre, elle emplissait la geôle
D’éclats de rire et de rayons...

Las des pédants de Salamanque
Et de l’école aux noirs gradins,
Je vais me faire saltimbanque
Et vivre avec les baladins.

Que je couche entre quatre toiles,
La nuque sur un vieux tambour,
Mais que la fraîcheur des étoiles
Baigne mon front brûlé d’amour...

Pour aimer une fois encor, mais une seule,
Je veux, libertin repentant,
La vierge qui, rêveuse aux genoux d’une aïeule,
...

Longuement poursuivi par le spleen détesté,
Quand je vais dans les champs, par les beaux soirs d’été.
Au grand air rafraîchir mes tempes,
Je ris de voir, le long des bois, les fiancés
...

Lecteur, à toi ces vers, graves historiens
De ce que la plupart appelleraient des riens,
Spectateur indulgent qui vis ainsi qu’on rêve,
Qui laisses s’écouler le temps & trouves brève
Cette succession de printemps & d’hivers,
Lecteur mélancolique & doux,...

Un jour, — pardonnez-moi ce crime, ô grands plastiques !
Un jour, je promenais dans le Louvre, aux Antiques,
Mes rêves d’art intime et de modernité.
Le Musée est très-frais et très-calme, en été.
Après le Carrousel torride et son asphalte,
Il est doux, par les jours...