Juillet

 
Le ciel flambe et la terre fume,
La caille frémit dans le blé ;
Et, par un spleen lourd accablé,
Je dévore mon amertume.

Sous l’implacable Thermidor
Souffre la nature immobile ;
Et dans le regret et la bile
Mon chagrin s’aigrit plus encor.

Crève donc, cœur trop gonflé, crève,
Cœur sans courage et sans raison,
Qui ne peux vomir ton poison
Et ne peux oublier ton rêve !

Par cet insultant jour d’été,
Cœur torturé d’amour, éclate !
Et que, de ta fange écarlate
Me voyant tout ensanglanté,

Ainsi que l’apostat antique,
Avec un blasphème impuissant,
Je jette à pleines mains mon sang
A ce grand soleil ironique !

Collection: 
1892

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O poète trop prompt à te laisser charmer,
Si cette douce enfant devait t'être ravie,
Et si ce coeur en qui tout le tien se confie
Ne pouvait pas pour toi frémir et s'animer ?

N'importe ! ses yeux seuls ont su faire germer
Dans mon âme si lasse et de tout assouvie...

J'écris près de la lampe. Il fait bon. Rien ne bouge.
Toute petite, en noir, dans le grand fauteuil rouge,
Tranquille auprès du feu, ma vieille mère est là ;
Elle songe sans doute au mal qui m'exila
Loin d'elle, l'autre hiver, mais sans trop d'épouvante,
Car je suis...

Champêtres et lointains quartiers, je vous préfère
Sans doute par les nuits d'été, quand l'atmosphère
S'emplit de l'odeur forte et tiède des jardins ;
Mais j'aime aussi vos bals en plein vent d'où, soudains,
S'échappent les éclats de rire à pleine bouche,
Les polkas...

Songes-tu parfois, bien-aimée,
Assise près du foyer clair,
Lorsque sous la porte fermée
Gémit la bise de l'hiver,

Qu'après cette automne clémente,
Les oiseaux, cher peuple étourdi,
Trop tard, par un jour de tourmente,
Ont pris leur vol vers le Midi ;...

Captif de l'hiver dans ma chambre
Et las de tant d'espoirs menteurs,
Je vois dans un ciel de novembre,
Partir les derniers migrateurs.

Ils souffrent bien sous cette pluie ;
Mais, au pays ensoleillé,
Je songe qu'un rayon essuie
Et réchauffe l'oiseau...