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    Le sculpteur modèle l’argile ;
    Puis, prenant le marbre indocile,
    Le pétrit dans sa main habile
    Avec un patient effort ;

    Ou bien sous sa fière tutelle
    Il soumet le bronze rebelle :
    Si la matière en est moins belle,
    Pour vaincre le temps il est fort ;

    Et contre ce temps qui le tue
    L’Homme en vain lutte et s’évertue,
    Quand,...

  •  
    Quelques hommes sont nés pour un nouveau Sina,
    À d’immortels desseins Dieu les prédestina.
    Contre leur volonté tout obstacle se brise.
    Ils marquent leur chemin, d’un lumineux sillon,
    Et sur leur chef flamboie un lambeau du rayon
    Qui couronnait jadis la tête de Moïse.

    Dans l’ombre des berceaux ces êtres surhumains
    Sentent toucher leur front...

  • XXXVI

    Il semblait grelotter, car la bise était dure.
    C’était, sous un amas de rameaux sans verdure,
    Une pauvre statue, au dos noir, au pied vert,
    Un vieux faune isolé dans le vieux parc désert,
    Qui, de son front penché touchant aux...

  •  
    Le bronze colossal domine l’Océan,
    Où New-York, plein d’orgueil, mire son front géant,
    Où la vaste cité, nouvelle Babylone,
    Projette l’aveuglant éclat qui la couronne.
    Il nargue les assauts formidables des vents
    Et se rit des crachats que les grands flots mouvants
    Lui lancent dans leurs jours de délire et de rage.
    Le colosse n’a pas un frisson...

  • Passants, vous trouvez à redire
    Qu’on ne voit ici rien gravé
    De l’acte le plus relevé
    Que jamais l’histoire ait fait lire :
    La raison qui vous doit suffire,
    C’est qu’en un miracle si haut
    Il est meilleur de ne rien dire
    Que ne dire pas ce qu’il faut.

  • Eh quoi ! dans cette ville d’eaux,
    Trêve, repos, paix, intermêde
    Encor toi de face ou de dos ;
    Beau petit ami : Ganymède !

    L’aigle t’emporte, on dirait comme
    A regret de parmi des fleurs
    Son aile d’élans économe
    Semble te vouloir par ailleurs

    Que chez ce Jupin tyrannique
    Comme qui dirait au Revard
    Et son œil qui nous fait la nique...

  • Avec, devant les yeux, l’astre qu’était son âme
    Par des chemins de rocs incandescents de flamme,
    Il s’en était allé si loin vers l’inconnu
    Que son siècle vieux et chenu,
    Toussant la mort, au vent trop fort de sa pensée,
    L’avait férocement enseveli sous la risée.

    Il était oublié, depuis des tas d’années
    Vers l’avenir échelonnées,...

  • Un bloc de bronze où son nom luit sur une plaque.

    Ventre riche, mâchoire ardente et menton gourd ;
    Haine et terreur murant son gros front lourd
    Et poing taillé à fendre en deux toutes attaques.

    Le carrefour, solennisé de palais froids,
    D’où ses regards têtus et violents encore
    Scrutent quels feux d’éveil bougent dans telle aurore,
    ...

  • On le croyait fondateur de la ville,
    Venu des pays clairs et lointains
    Vers ceux d’Europe — avec sa pauvre crosse en main,
    Et grand, sous sa bure servile.

    Pour se faire écouter il parlait par miracles,
    En des clairières d’or, le soir, dans les forêts,
    Où des granits carraient leurs symboles épais,
    Et tonnaient leurs oracles.

    ...

  • Au carrefour des abattoirs et des casernes,
    Il apparaît, foudroyant et vermeil,
    Le sabre en bel éclair sous le soleil.

    Masque d’airain, casque et panache d’or ;
    Et l’horizon, là-bas, où le combat se tord,
    Devant ses yeux hallucinés de gloire !

    Un élan fou, un bond brutal
    Jette en avant son geste et son cheval
    Vers la victoire...