• Puisque le dieu du jour en ses douze voyages
    Habite tristement sa maison du Verseau,
    Que les monts sont encor assiégés des orages,
    Et que nos prés riants sont engloutis sous l’eau,
    Je veux au coin du feu vous faire un nouveau conte.
    Nos loisirs sont plus doux par nos amusements.
    Je suis vieux, je l’avoue, et je n’ai point de honte
    De goûter avec vous...

  • Noble sang du plus grand des rois,
    Son amour et notre espérance,
    Vous qui, sans régner sur la France,
    ...

  • De cet agréable rivage
    où ces jours passés on vous vit
    faire, hélas ! Un trop court voyage,
    je vous envoie un manuscrit
    qui d’un écrivain bel esprit
    n’est point assurément l’ouvrage,
    mais qui vous plaira davantage
    que le livre le mieux écrit :
    c’est la recette d’un potage.
    Je sais que le dieu que je sers,
    Apollon, souvent vous demande...

  • Fille de ces dauphins de qui l’extravagance
    s’ennuya de régner pour obéir en France ;
    femme aimable, honnête homme, esprit libre et hardi,
    qui, n’aimant que le vrai, ne suis que la nature ;
    qui méprisas toujours le vulgaire engourdi
    sous l’empire de l’imposture ;
    qui ne conçus jamais la moindre vanité
    ni de l’éclat de la naissance,
    ni de celui de...

  • Des contraires bel assemblage,
    vous qui, sous l’air d’un papillon,
    cachez les sentiments d’un sage,
    revolez de mon ermitage
    à votre brillant tourbillon ;
    allez chercher l’illusion,
    compagne heureuse du bel âge ;
    que votre imagination,
    toujours forte, toujours légère,
    entre Boufflers et Voisenon
    répande cent traits de lumière ;
    ...

  • ô vaisseau qui porte mon nom,
    puisses-tu comme moi résister aux orages !
    L’empire de Neptune a vu moins de naufrages
    que le Permesse d’Apollon.
    Tu vogueras peut-être à ces climats sauvages
    que Jean-Jacque a vantés dans son nouveau jargon.
    Va débarquer sur ces rivages
    Patouillet, Nonotte, et Fréron ;
    à moins qu’aux chantiers de Toulon
    ils ne...

  • Boileau, correct auteur de quelques bons écrits,
    zoïle de Quinault, et flatteur de Louis,
    mais oracle du goût dans cet art difficile
    où s’égayait Horace, où travaillait Virgile,
    dans la cour du palais je naquis ton voisin :
    de ton siècle brillant mes yeux virent la fin ;
    siècle de grands talents bien plus que de lumière,
    dont Corneille, en bronchant,...

  • Insipide écrivain, qui crois à tes lecteurs
    crayonner les portraits de tes trois imposteurs,
    d’où vient que, sans esprit, tu fais le quatrième ?
    Pourquoi, pauvre ennemi de l’essence suprême,
    confonds-tu Mahomet avec le créateur,
    et les oeuvres de l’homme avec Dieu, son auteur ? ...
    corrige le valet, mais respecte le maître.
    Dieu ne doit point pâtir des...

  • Chantre des vrais plaisirs, harmonieux émule
    du pasteur de Mantoue et du tendre Tibulle,
    qui peignez la nature, et qui l’embellissez,
    que vos saisons m’ont plu ! Que mes sens émoussés
    à votre aimable voix se sentirent renaître !
    Que j’aime, en vous lisant, ma retraite champêtre !
    Je fais, depuis quinze ans, tout ce que vous chantez.
    Dans ces champs...

  • Des dames de Paris Boileau fit la satire.
    De la moitié du monde, hélas ! Faut-il médire ?
    Jean-Jacque, assez connu par ses témérités,
    en nouveau Diogène aboie à nos beautés.
    Il leur a préféré l’innocente faiblesse,
    les faciles appas de sa grosse suissesse,
    qui, contre son amant ayant peu combattu,
    se défait d’un faux germe, et garde sa vertu.
    «...