• Berger du monde, clos les paupières funèbres
    Des deux chiens d'Yama qui hantent les ténèbres.

    Va, pars ! Suis le chemin antique des aïeux.
    Ouvre sa tombe heureuse et qu'il s'endorme en elle,
    O Terre du repos, douce aux hommes pieux !
    Revêts-le de silence, ô Terre maternelle,
    Et mets le long baiser de l'ombre sur ses yeux.

    Que le Berger divin...

  • Songe horrible ! - la foule innombrable des âmes
    M'entourait. Immobile et muet, devant nous,
    Beau comme un dieu, mais triste et pliant les genoux,
    L'ancêtre restait loin des hommes et des femmes.

    Et le rayonnement de sa mâle beauté,
    Sa force, son orgueil, son remords, tout son être,
    Forme du premier rêve où s'admira son maître,
    S'illuminait du sceau de...

  • Les jardins odorants balancent leurs panaches.
    L'eau miroite au soleil, et le ciel est heureux.
    Mon coeur, tu peux rentrer dans l'ombre où tu te caches ;
    Ton impuissance insulte au monde vigoureux.

    Dans un tressaillement qui fait craquer l'écorce,
    L'arbre, géant joyeux, tend ses cent bras musclés.
    La terre, ivre de sève, étouffe dans sa force,
    Et la...

  • Lorsque tout bruit était muet dans la maison,
    Et que mes soeurs dormaient dans des poses lassées
    Aux fauteuils anciens d'aïeules trépassées,
    Et que rien ne troublait le tacite frisson,

    Ma mère descendait à pas doux de sa chambre ;
    Et, s'asseyant devant le clavier noir et blanc,
    Ses doigts faisaient surgir de l'ivoire tremblant
    La musique mêlée aux lunes...

  • Fantôme qui nous dois dans la tombe enfermer,
    Mort dont le nom répugne et dont l'image effraie,
    Mais qu'à force de crainte on finit par aimer,
    Puisque la vie est vaine et que toi seule es vraie ;

    Ô Mort, qui fais qu'on vit sans but et qu'on est las,
    Et qu'on rejette au loin la coupe non goûtée,
    Mort qu'on maudit d'abord et dont on ne veut pas,
    ...

  • O toi dont le pouvoir remplit l'immensité,
    Suprême ordonnateur de ces célestes sphères
    Dont j'ai voulu jadis, en ma témérité,
    Calculer les rapports et sonder les mystères ;
    Esprit consolateur, reçois du haut du ciel
    L'unique et pur hommage
    D'un des admirateurs de ton sublime ouvrage,
    Qui brûle de rentrer en ton sein paternel !

    Un peuple entier,...