La nuit morne tombait sur la morne étendue.
Le vent du soir soufflait, et, d’une aile éperdue,
Faisait fuir, à travers les écueils de granit,
Quelques voiles au port, quelques oiseaux au nid.
Triste jusqu’à la mort, je contemplais le monde.
Oh ! Que la mer...
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I
LES SQUELETTES
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La tour est âpre et noire, et, du haut jusqu’en bas,
Elle est un instrument de supplice ; un étage
Fait agoniser moins ou souffrir davantage ;
Changer de cabanon, c’est changer de tourment ;
Le captif, dans...
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Cet homme a pour prison l'ignominie immense.
On pouvait le tuer, mais on fut sans clémence,
Il vit.
Il est dans l'âpre et lugubre prison
Invisible, toujours debout sur l'horizon,
L'opprobre.
Cette tour...
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VII
Lorsque vous traduisez, juges, à votre barre,
La Révolution, qui fut dure et barbare
Et féroce à ce point de chasser les hiboux ;
Qui, sans respect, fakirs, derviches, marabouts,
Molesta tous les gens d'église, et mit en fuite,...
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Quant à flatter la foule, ô mon esprit, non pas !
Ah ! le peuple est en haut, mais la foule est en bas.
La foule, c'est l'ébauche à côté du décombre ;
C'est le chiffre, ce grain de poussière du nombre ;
C'est le vague profil des ombres dans la nuit ;
La foule...
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Un tourbillon d’écume, au centre de la baie
Formé par de secrets et profonds entonnoirs,
Se berce mollement sur l’onde qu’il égaie,
Vasque immense d’albâtre au milieu des flots noirs.
Seigneur ! Que faites-vous de cette urne de neige ?
Qu’y versez-vous dès l’aube...
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V
La conquête avouant sa soeur l'escroquerie,
C'est un progrès. En vain la conscience crie,
Par l'exploitation on complète l'exploit.
A l'or du voisin riche un voisin pauvre a droit.
Au dos de la victoire on met une besace ;
En...
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XI
Puisqu’ici-bas toute âme
Donne à quelqu’un
Sa musique, sa flamme,
Ou son parfum ;
Puisqu’ici tout chose
Donne toujours ...
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Puisque je suis étrange au milieu de la ville,
Puisque je veux la vie amère et jamais vile,
Puisque je me dévoue avec stupidité ;
Puisqu’improvisant tout, j’ai tout prémédité,
N’ayant d’autres éclairs que ceux de mon cratère,
Et ne parlant qu’après avoir...
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Au commencement, Dieu vit un jour dans l’espace
Iblis venir à lui ; Dieu dit : « Veux-tu ta grâce ?
— Non, dit le Mal. — Alors que me demandes-tu ?
— Dieu, répondit Iblis de ténèbres vêtu,
Joutons à qui créera la chose la plus belle. »
L’Être dit : « J’y consens. —...
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