Sachez envelopper, selon la convenance,
D’un petit conte aimable, une grave ordonnance.
Il faut d’un peu de miel, avec dextérité,
Couvrir les bords du vase où l’on boit la santé :
Le Tasse nous l’a dit, et ces fous de poètes
Nous offrent quelquefois d’excellentes recettes.
Le malade distrait se sent mieux quand il rit ;
Et, pour guérir le corps, je m’...
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Francine a si bonne grace,
Elle a si belle la face,
Elle a les sourcis tant beaux,
Et dessous, deux beaux flambeaux,
De qui la clarté seréne
Tout heur ou m'oste ou m'améne.
La belle n'a rien de fiel,
Elle est tout sucre et tout miel,
Et l'aleine qu'elle tire
Rien que parfuns ne respire.
Son baiser delicieux
C'est un vray nectar des dieux... -
A quatre heures du matin, l'été,
Le sommeil d'amour dure encore.
Sous les bosquets l'aube évapore
L'odeur du soir fêté.
Mais là-bas dans l'immense chantier
Vers le soleil des Hespérides,
En bras de chemise, les charpentiers
Déjà s'agitent.
Dans leur désert de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la richesse de... -
En la nef de bonne nouvelle
Espoir a chargié Reconfort
Pour l'amener, de par la belle,
Vers mon cueur qui l'ayme si fort.
A joye puist venir au port
De desir et, pour tost passer
La mer de Fortune, trouver
Un plaisant vent venant de France
Ou est a present ma maistresse
Qui est ma doulce souvenance
Et le tresor de ma liesse.
... -
Compagne savoureuse et bonne
À qui j'ai confié le soin
Définitif de ma personne,
Toi mon dernier, mon seul témoin,
Viens çà, chère, que je te baise,
Que je t'embrasse long et fort,
Mon coeur près de ton coeur bat d'aise
Et d'amour pour jusqu'à la mort :
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.
Je vais gueux comme un... -
Les deux petits jouaient au fond du grand pacage ;
La nuit les a surpris, une nuit d'un tel noir
Qu'ils se tiennent tous deux par la main sans se voir
L'opaque obscurité les enclôt dans sa cage.
Que faire ? les brebis qui paissaient en bon nombre,
Les chèvres, les cochons, la vache, la jument,
Sont égarés ou bien muets pour le moment,
Ils ne trahissent... -
Elle fuyait par l'avenue,
Je la suivais illuminé,
Ses yeux disaient : " J'ai deviné
Hélas! que tu m'as reconnue ! "
Je la suivis illuminé !
Yeux désolés, bouche ingénue,
Pourquoi l'avais-je reconnue,
Elle, loyal rêve mort-né ?
Yeux trop mûrs, mais bouche ingénue ;
Oeillet blanc, d'azur trop veiné ;
Oh ! oui, rien qu'un rêve... -
Quel temps de chien ! - il pleut, il neige ;
Les cochers, transis sur leur siège,
Ont le nez bleu.
Par ce vilain soir de décembre,
Qu'il ferait bon garder la chambre,
Devant son feu !
A l'angle de la cheminée
La chauffeuse capitonnée
Vous tend les bras
Et semble avec une caresse
Vous dire comme une maitresse,
" Tu resteras ! "... -
Bon jour, bon an et bonne vie,
Bien et honneur sans villanie
Doint Dieu a ma doulce maistresse,
Qui m'a donné de sa largesse
La fleur de ne m'oubliez mie.
De très bon vouloir la mercie,
Nuyt et jour pour elle je prie,
Et de dire mon cuer ne cesse :
Bon jour, bon an.
Bein doulcement si s'umilie,
Et luy vient de grant... -
En paradis Jésus-Christ prenne l'âme
De cette-ci, qui gît sous cette lame.
Gente de corps fut, et de beau visage,
Tant qu'au penser le coeur triste à vis ai-je,
Aussi à bien tel qui si fort ne l'aime.
Saintes et saints ! envers Dieu vous réclame
Que fassiez tant pour celle que je clame,
Que de vos biens elle ait part et usage
En Paradis....