• Quand j'ose voir Madame, Amour guerre me livre,
    Et se pique à bon droit que je vay follement
    Le cercher en son regne ; et alors justement
    Je souffre d'un mutin temeraire la peine.

    Or me tiens-je loing d'elle, et ta main inhumaine,
    Amour, ne chomme pas : mais si aucunement,
    Pitié logeoit en toy, tu devois vrayement
    T'ayant laissé le camp, me...

  • Quand viendra ce jour là, que ton nom au vray passe
    Par France dans mes vers ? combien et quantes fois
    S'en empresse mon coeur, s'en demangent mes doits ?
    Souvent dans mes escris de soy mesme il prend place.

    Maulgré moy je t'escris, maulgré moy je t'efface.
    Quand Astree viendroit, et la foy, et le droit,
    Alors, joyeux, ton nom au monde se rendroit....

  • Quand celle j'oy parler qui pare nostre France,
    Lors son riche propos j'admire en escoutant ;
    Et puis s'elle se taist, j'admire bien autant
    La belle majesté de son grave silence.

    S'elle escrit, s'elle lit, s'elle va, s'elle dance,
    Or je poise son port, or son maintien constant,
    Et sa guaye façon ; et voir en un instant
    De çà de là sortir mille...

  • Quand tes yeux conquerans estonné je regarde,
    J'y veoy dedans à clair tout mon espoir escript ;
    J'y veoy dedans Amour luy mesme qui me rit,
    Et m'y monstre, mignard, le bon heur qu'il me garde.

    Mais, quand de te parler par fois je me hazarde
    C'est lors que mon espoir desseiché se tarit ;
    Et d'avouer jamais ton oeil, qui me nourrit,
    D'un seul mot de...

  • Quand vous voyez, que l'étincelle
    Du chaste Amour sous mon aisselle
    Vient tous les jours à s'allumer,
    Ne me devez-vous bien aimer ?

    Quand vous me voyez toujours celle,
    Qui pour vous souffre, et son mal cèle,
    Me laissant par lui consumer,
    Ne me devez-vous bien aimer ?

    Quand vous voyez, que pour moins belle
    Je ne prends contre vous...

  • Quand vous considérez en cette claire glace
    De vos perfections les belles raretés,
    Non, vous n'y voyez point cette parfaite grâce
    Que tout oeil reconnaît aux traits de vos beautés.

    De quoi vous peut servir de savoir être belle ?
    C'est cela que sans plus vous montre le miroir,
    Mais dans le coeur amant qui vous est tout fidèle
    Vous verrez vos beautés...

  • Quand Rachel s'accoucha (pour son dernier mal-heur)
    Du petit Benjamin, les tranchées roulantes
    Par son ventre affligé, furent si violentes
    Qu'elle perdit en fin l'avivante chaleur.

    Sur le point que la mort abbatoit sa valeur,
    Qu'elle sentit en fin ses forces s'écoulantes,
    Mourant elle forma ces paroles dolentes,
    Ce fils sera nommé le fils de ma...

  • Quand l'ennemi poursuit son adversaire
    Si vivement qu'il le blesse ou l'abat :
    Le vaincu lors pour son plus nécessaire
    Fuit çà et là et crie et se débat.
    Mais moi, navré par ce traître combat
    De tes doux yeux, quand moins de doute avois,
    Cèle mon mal ainsi, comme tu vois,
    Pour te montrer à l'oeil évidemment
    Que tel se tait et de langue et de voix...

  • Quand le vaillant Hector, le grand rempart de Troie,
    Sortit tout enflammé, sur les nefs des Grégeois,
    Et qu'Achille charmait d'une plaintive voix
    Son oisive douleur, sa vengeance de joie.

    Comme quand le Soleil dedans l'onde flamboie
    L'onde des rais tremblants repousse dans les toits :
    La Grèce tout ainsi flottante cette fois
    Eut peur d'être à la...

  • Quand on arrêtera la course coutumière
    Du grand courrier des cieux qui porte la lumière,
    Quand on arrêtera l'an qui roule toujours
    Sur un char attelé de mois, d'heures, de jours,
    Quand on arrêtera l'armée vagabonde
    Qui va courant la nuit par le vide des cieux,
    Décochant contre nous les longs traits de ses yeux,
    Lors on arrêtera l'inconstance du Monde...