• Les marronniers de la terrasse
    Vont bientôt fleurir, à Saint-Jean,
    La villa d’où la vue embrasse
    Tant de monts bleus coiffés d’argent.

    La feuille, hier encor pliée
    Dans son étroit corset d’hiver,
    Met sur la branche déliée
    Les premières touches de vert.

    Mais en vain le soleil excite
    La sève des rameaux trop lents ;
    La fleur...

  •  
    Des saisons la plus désirée
    Et la plus rapide, ô printemps,
    Qu’elle m’est longue, ta durée !
    Tu possèdes mon adorée,
            Et je l’attends !

    Ton azur ne me sourit guère,
    C’est en hiver que je la vois ;
    Et cette douceur éphémère,
    Je ne l’ai dans l’année entière
            Rien qu’une fois.

    Mon bonheur n’est qu’une étincelle...

  • Voici la saison fraîche et rose
    Où, se levant dans un ciel pur,
    Le soleil jeune et blond arrose
    Les pâleurs moites de l’azur.

    L’Hiver, accroupi dans la pose
    D’un vieux mendiant contre un mur,
    Grelotte à l’Occident morose
    Que remplit un brouillard obscur,

    Mais, se déroulant comme une onde,
    Une large lumière inonde
    L’Orient vague et...

  • Les amoureux ne vont pas loin :
    On perd du temps aux longs voyages.
    Les bords de l’Yvette ou du Loing
    Pour eux ont de frais paysages.

    Ils marchent à pas cadencés
    Dont le cœur règle l’harmonie,
    Et vont l’un à l’autre enlacés
    En suivant leur route bénie.

    Ils savent de petits sentiers
    Où les fleurs de mai sont écloses ;
    Quand ils...

  • Paris s’endort. — Les nuées
    Par un vent frais remuées
    S’éparpillent dans les airs ;
    Sous leur brume pâle & fine
    La lune en manteau d’hermine
    Plane sur les quais déserts.

    Là-bas, comme une âme en peine,
    Une créature humaine,
    Bras nus, les cheveux au vent,
    Passe morne & désolée…
    Là-bas, dans la contre-allée,
    Près d’un...

  • Te voilà, rire du Printemps !
    Les thyrses des lilas fleurissent ;
    Les amantes qui te chérissent
    Délivrent leurs cheveux flottants.

    Sous les rayons d’or éclatants
    Les anciens lierres se flétrissent.
    Te voilà, rire du Printemps !
    Les thyrses de lilas fleurissent.

    Couchons-nous au bord des étangs,
    Que nos maux amers se guérissent !
    ...

  • J’ai mon sein, j’ai dans mon âme
    Un désir d’amour étouffant :
    Que veut mon rêve ? est-ce une femme,
    Blonde et pure comme une enfant ?

    Est-ce une vierge qui m’attire,
    Pâle sous l’or de ses cheveux ?
    J’aime et j’étouffe et ne sais dire,
    Ô mon cœur fou, ce que tu veux.

    Pourquoi, quand les chauds couchants roses
    Exaltent les fleurs dans les...

  •  
    Qu’un autre des héros célèbre les exploits,
    Qu’il chante la puissance et les bienfaits des rois ;
    Ami de leur pouvoir bien plus que de leur gloire,
    Qu’il encense à-la-fois Plutus et la victoire ;
    Je redoute la pompe et l’éclat des grandeurs.
    Elevé dans l’exil et nourri dans les pleurs,
    Tandis que la discorde ensanglante la terre,
    Je redis mes...

  •  
    O spectacles des champs, si chers à ma pensée !
    Dans les cœurs vertueux votre image est tracée ;
    Mais chez un peuple en proie aux fureurs des méchans,
    Tous les cœurs sont fermés à vos tableaux touchans.
    Ainsi l’azur des cieux et les fleurs du rivage,
    Au cristal d’une eau pure, impriment leur image ;
    Mais l’émail du printemps, le tendre azur des cieux...

  •  
    Au milieu du printemps, le fougueux aquilon,
    Sur les monts sourcilleux qui bordent l’horison,
    Conservoit son empire ; et, du haut des montagnes,
    Le nébuleux hiver menaçoit les campagnes.
    Mais l’auster bienfaisant a vaincu les frimats,
    Et l’hiver en grondant fuit dans d’autres climats.
    Des chênes du Pila la verdure naissante
    A déjà remplacé la...