Certes, mademoiselle…
Jeune femme ou pucelle,
Marquise ou margoton,
Je ne tiens pas pour femme
Un être mixte, infâme
Qui n’a pas de tétons.
Prends cela pour ton rhume.
Et ce léger morceau
Ne sort pas de ma plume,
Mais d’un très gros volume
Signé : Ji-Ji Rousseau.
Là-dessus tu m’engueules
Comme deux dames seules ;
Et je ne suis qu’un sot.
Je serai donc un sot
En belle compagnie.
Encor que je le nie.
Ainsi me voilà frit :
Je ne suis pas un homme
N’ayant cœur ni esprit :
Vous dites cela comme
Si Dieu l’avait écrit !
Pas d’esprit — je l’accorde,
On me l’a dit déjà.
Je ne vais pas pour ça
Crier miséricorde.
Mais, pas de cœur, holà !
Pas de cœur, moi, madame,
Parce que je réclame
Des tétons pour la femme !
Assurément il faut
Qu’ils vous fassent défaut.
Vous en parlez a l’aise
Comme une vieille Anglaise.
Que si vous en aviez
Vous nous les montreriez.
Ou bien ils sont infimes
Comme des cornichons,
Comme vous anonymes,
Ô Femme sans nichons !
Allons, vous voulez rire,
Ou vous ne savez lire.
Car vous auriez pu voir
En mon dernier crachoir,
Ma belle demoiselle,
Que je m’apitoyais
Précisément sur celles
Chez qui je n’en voyais.
Pour vous, chère madame,
La femme est toujours femme
Sans le nichon vainqueur,
Pourvu qu’elle ait du cœur.
Quant à moi, je le clame,
C’est une opinion
Qu nous vient d’Albion.
Je clame et je réclame.
Nous sommes des cochons
Pour vouloir des nichons !
Nous sommes sans esprit
Pour les vouloir fleuris
Et nous sommes sans cœur
Pour les vouloir vainqueurs !
Du cœur c’est beau sans doute…
Le nichon, somme toute,
N’a rien de bien hideux.
Et vous pourriez, madame,
Être encore plus femme
En possédant les deux.