Je voudrais l’oublier, ou ne pas la connaître…
Oh, si j’avais pensé que dans mon cœur dût naître
Ce feu qui le dévore et qui ne s’éteint pas,
Loin d’elle encore à temps j’aurais porté mes pas…
Mais non, il le fallait ; c’était ma destinée !
Contre elle vainement...
Théophile Gautier
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J’ai fait une remarque hier en te quittant.
Sans doute j’ai mal vu ; mais quand on aime tant
On a peur ; on se fait avec la moindre chose
Un sujet de tourments. On veut savoir la cause
De chaque effet. Un mot, un geste, une ombre, un rien,
La plus folle chimère, un... -
Elle est morte pour moi, dans la tombe glacée
Comme si le trépas l’avait déjà placée ;
Elle vit cependant, ange exilé des cieux,
Vrai rêve de poète, étrange et gracieux ;
C’est bien elle toujours, elle que j’ai connue
Au sortir de l’enfance, à quinze ans, ingénue,... -
Quand vous vîntes dimanche, en déesse parée,
Avec tous vos rayons éblouir votre cour,
Chacun disait, voyant ce buste au pur contour :
« C’est Vénus de Milo d’une robe accoutrée ! »Mais votre épaule était d’un trait rouge effleurée :
Tel le ramier blanc saigne aux... -
On donnait à Favart Mosé. Tamburini,
Le basso cantante, le ténor Rubini,
Devaient jouer tous deux dans la pièce ; et la salle
Quand on l’eût élargie et faite colossale,
Grande comme Saint-Charle ou comme la Scala,
N’aurait pu contenir son public ce... -
Un monsieur à lunettes faisant le bonheur d’une femme
Arqué sur ses talons le notaire instrumente,
Et fout du ventre au front sa femme et sa servante. -
Tout amoureux, de sa maîtresse,
Sur son cœur ou dans son tiroir,
Possède un gage qu’il caresse
Aux jours de regret ou d’espoir.L’un d’une chevelure noire,
Par un sourire encouragé,
A pris une boucle que moire
Un reflet bleu d’aile de geai.L’...
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Après l’autel sculpté, le Moïse célèbre,
Et le saint Jean de Dieu sous sa charge funèbre,
À Séville on fait voir, dans le grand hôpital,
Deux tableaux singuliers de Juan Valdès Léal.Ce Valdès possédait, Young de la peinture,
Les secrets de la mort et de la... -
Ce n’était, l’an passé, qu’une enfant blanche et blonde
Dont l’œil bleu, transparent et calme comme l’onde
Du lac qui réfléchit le ciel riant d’été,
N’exprimait que bonheur et naïve gaîté.Que j’aimais dans le parc la voir sur la pelouse
Parmi ses jeunes sœurs... -
Comme la vie est faite ! et que le train du monde
Nous pousse aveuglément en des chemins divers !
Pareil au Juif maudit, l’un, par tout l’univers,
Promène sans repos sa course vagabonde ;L’autre, vrai docteur Faust, baigné d’ombre profonde,
Auprès de sa croisée...