Louis Ménard

  • Je sais que toute joie est une illusion,
    Qu'il faut que tout se paye et que tout se compense,
    Et je devrais bénir la dure providence
    Qui m'impose l'épreuve ou l'expiation.

    Les stériles regrets, la menteuse espérance
    N'atteignent pas la pure et calme région
    Où...

  • L'universel désir guette comme une proie
    Le troupeau des vivants ; tous viennent tour à tour
    À sa flamme brûler leurs ailes, comme, autour
    D'une lampe, l'essaim des phalènes tournoie.

    Heureux qui sans regret, sans espoir, sans amour,
    Tranquille et connaissant le...

  • Sois fort, tu seras libre ; accepte la souffrance
    Qui grandit ton courage et t'épure ; sois roi
    Du monde intérieur, et suis ta conscience,
    Cet infaillible dieu que chacun porte en soi.

    Espères-tu que ceux qui, par leur providence
    Guident les sphères d'or, vont...

  • C'est une pauvre vieille, humble, le dos voûté.
    Autrefois on l'aimait, on s'est tué pour elle.
    Qui sait ? Peut-être un jour tu seras regretté
    De celle qui dit non, maintenant qu'elle est belle.

    Elle aussi vieillira, puis l'ombre universelle
    La noîra, comme toi,...

  • Au sommet de l'Etna, debout près du cratère,
    Comme Héraclès devant le bûcher de l'Oeta,
    Embrassant du regard l'Océan et la terre,
    Empédocle adora la nature et chanta :

    Miroir de l'Infini, flots de la mer divine,
    Gouffre inviolé, grand horizon bleu !
    Lampes du...

  • Dans la sphère du nombre et de la différence,
    Enchaînés à la vie, il faut que nous montions,
    Par l'échelle sans fin des transmigrations,
    Tous les degrés de l'être et de l'intelligence.

    Grâce, ô vie infinie, assez d'illusions !
    Depuis l'éternité ce rêve recommence....

  • Je déclare, soutiens, certifie et proclame
    Envers et contre tous, maintenant et toujours,
    Q’il n’est pas d’ètre au monde eureus come la fame.
    Pour èle nos respects, nos égards, nos amours,
    On la fète, on lui fait des jours d’or et de soie,...

  •  
    Le matin souriait, humide de rosée ;
    Du haut du ciel pâle un brouillard changeant
    Etendait sur le lac et la plaine arrosée
    Son voile onduleux aux lueurs d’argent.

    Le soleil s’éveillait sous les nuages roses,
    Et, dans chaque perle où son disque luit,
    ...

  •  
    ENDYMION.

    Dans la mer d’Hespérie aux vagues empourprées
    Hélios éteint ses flammes sacrées.
    Pan, le divin pasteur, de sa flûte aux sept voix
    Apaise lentement l’harmonieuse plainte,

    Et, sous les dômes verts des antres d’Aracinthe,
    S’endorment on paix...

  •  
    Quand il eut achevé sa blanche Galatée
    Que nul regard humain après lui ne verra,
    Pygmalion, rêveur, à genoux adora
    Sa pensée immortelle en marbre pur sculptée.

    Car du corps de la nymphe, avec l’aide des dieux,
    Il avait fait tomber l’enveloppe de marbre,...