Louis-Honoré Fréchette

  • Le jour de son mariage

    Le bonheur de la vie est un fatal problème
    Que pour résoudre il faut, son tour venu, savoir,
    Comme un hardi joueur, jeter tout son avoir,
    Nom, honneur, avenir, sur la carte suprême.

    Ce jour aux lendemains que nul ne peut prévoir,...

  • Cela forme deux rangs de massifs promontoires,
    Gigantesque crevasse ouverte, aux premiers jours,
    Par quelque cataclysme, et qu'on croirait toujours
    Prête à se refermer ainsi que des mâchoires.

    Au pied de caps à pic dressés comme des tours,
    Le Saguenay profond...

  • Le givre étincelant, sur les carreaux gelés,
    Dessine des milliers d'arabesques informes ;
    Le fleuve roule au loin des banquises énormes ;
    De fauves tourbillons passent échevelés.

    Sur la crête des monts par l'ouragan pelés,
    De gros nuages lourds heurtent leurs...

  • A Mlles Letellier de Saint-Just

    En amont de Québec, on fait la découverte
    D'un pavillon tout blanc coquettement posé
    Sur l'angle à pic d'un roc au long flanc ardoisé,
    Et donc la large épaule est de grands pins couverte.

    Plus loin, s'il plonge un peu sur le...

  • A Mlle ***

    Voici le Printemps, la saison des roses.
    Plus de rameaux nus, de gazons jaunis ;
    Plus de froids matins ni de soirs moroses
    Voici le Printemps et ses jours bénis.

    Voici le Printemps : aux fleurs demi-closes
    La brise qui vient des bois...

  • C'est le dernier soupir d'un monde agonisant.
    Venez voir ces débris des antiques peuplades,
    Anciens rois du désert, terribles ancelades
    Ecrasés sous le poids des choses d'à présent.

    Arrêtons-nous ici, non loin de ces cascades.
    Regardez ce hameau qui n'a rien d'...

  • Chateau de Prosper Blanchemain

    Ce fut, dit-on, jadis un paisible couvent
    Coquettement caché sur les bords où la Creuse
    Avec un bruit d'écluse, en serpentant se creuse
    Un lit sonore et frais sous le saule mouvant.

    Des grands arbres perçant la voûte...

  • La pâle nuit d'automne
    De ténèbres couronne
    Le front gris du manoir ;
    Morne et silencieuse,
    L'ombre s'assied, rêveuse,
    Sous le vieux sapin noir.

    Au firmament ses voiles
    Sont parsemés d'étoiles
    Dont le regard changeant,
    Sur la nappe des ondes,...

  • Combien ai-je de fois, le front mélancolique,
    Baisé pieusement ta touchante relique,
    Ô Montcalm ! ce drapeau témoin de tant d'efforts,
    Ce drapeau glorieux que chanta Crémazie !,
    Drapeau qui n'a jamais connu d'apostasie,
    Et que la France, un jour, oublia sur nos bords !...

  • Aux pans du ciel l'hiver drape un nouveau décor ;
    Au firmament l'azur de tons roses s'allume ;
    Sur nos trottoirs un vent plus doux enfle la plume
    Des petits moineaux gris qu'on y retrouve encor.

    Maint coup sec retentit dans la forêt qui dort ;
    Et, dans les ravins...