Louis-Honoré Fréchette

  • Au détour du courant où le flot qui la ronge
    Embrasse les contours de l'Ile d'Orléans,
    Comme une tombe énorme, entre deux géants,
    La blanche cataracte au fond du gouffre plonge.

    Indicibles attraits des abîmes béants !
    Imposantes rumeurs que la brise prolonge...

  • Massifs harmonieux, édens des flots tranquilles,
    D'oasis aux fleurs d'or innombrables réseaux,
    Que la vague caresse et que les blonds roseaux
    Encadrent du fouillis de leurs tiges mobiles.

    Bosquets que l'onde berce au doux chant des oiseaux,
    Des zéphirs et des...

  • C'est un bloc écrasant dont la crête surplombe
    Au-dessus des flots noirs, et dont le front puissant
    Domine le brouillard, et défie en passant
    L'aile de la tempête ou le choc de la trombe.

    Enorme pan de roc, colosse menaçant
    Dont le flanc narguerait le boulet et la...

  • A l'occasion de leur mariage

    Voici la saison des pervenches
    Par les ravins et les closeaux,
    L'ombre palpite sous les branches,
    Les rayons dorment sur les eaux.

    Les pommiers sont en robes blanches ;
    Pan soupire dans les roseaux ;
    C'est l'Eté qui...

  • A vingt ans, poète aux abois,
    Quand revenait la saison rose,
    J'allais promener sous les bois
    Mon coeur morose.

    A la brise jetant, hélas !
    Le doux nom de quelque infidèle,
    Je respirais les frais lilas
    En rêvant d'elle.

    Toujours friand d'...

  • L'atmosphère dort, claire et lumineuse ;
    Un soleil ardent rougit les houblons ;
    Aux champs, des monceaux de beaux épis blonds
    Tombent sous l'acier de la moissonneuse.

    Sonore et moqueur, l'écho des vallons
    Répète à plaisir la voix ricaneuse
    Du glaneur qui...

  • C'est Paris, saluons la grande capitale
    Où tout ce qu'on rêva se trouve réuni ;
    Où merveille partout sur merveille s'étale,
    Antique Eden par l'art sans cesse rajeuni.

    Eloignons-nous un peu de la ville centrale ;
    Et sur ce seuil discret, élégant et béni,
    ...

  • A Mlle N***

    Je connais un petit ange
    Lequel n'a jamais mouillé
    Sa blanche robe à la fange
    Dont notre monde est souillé.

    C'est lui qui donne le change
    Au pauvre coeur dépouillé
    Que l'amour, vautour étrange,
    D'un bec cruel a fouillé.
    ...

  • Quand la nuit tombe, - au bord secret des étangs clairs,
    Où le flot balancé dans son urne trop pleine
    Inonde vaguement de ses pâles éclairs
    Un fouillis d'ajoncs verts qui tremble à chaque haleine, -

    Avez-vous entendu - voix d'ange ou de sirène -
    Animant tout à...

  • A M. et Mme C.P***

    O mes chers vieux amis, à l'époque trop brève,
    Et pour moi disparue, hélas ! depuis longtemps,
    Où l'on voit devant soi l'avenir qui se lève
    Comme un soleil joyeux sur l'azur du printemps ;

    Quand j'étais jeune, enfin, j'avais fait ce doux...