Pauvres fleurs d’un bouquet de fête,
Votre fraîcheur, que peu d’instants
Effaceront, semble mal faite
Pour promettre d’aimer longtemps !
Peut-on, sans ironie amère,
Engager l’avenir lointain,
Quand on est la rose éphémère
Ou le liseron d’un matin ?
Mais dites à la bien-aimée,
Fleurs frêles aux tendres couleurs,
Que votre beauté parfumée
Revit sans cesse en d’autres fleurs ;
Et qu’en sa durée infinie
L’amour n’a pas, grâces au ciel,
La stupide monotonie
D’un bouquet artificiel !
Dites-lui que, tels vos calices
S’ouvrent l’un après l’autre en mai,
Telles se suivent les délices
Qu’elle éveille en mon cœur charmé ;
Qu’en moi d’amoureuses pensées
Sous son regard naîtront soudain,
Plus tendres et plus nuancées
Que les liserons du jardin ;
Et qu’ainsi que se renouvelle
Un rosier, blanc, pourpre et vermeil,
Mon amour fleurira pour elle,
Toujours vivant, jamais pareil.