Gérard de Nerval

  • Voici ce que je vis : Les arbres sur ma route
    Fuyaient mêlés, ainsi qu'une armée en déroute,
    Et sous moi, comme ému par les vents soulevés,
    Le sol roulait des flots de glèbe et de pavés !

    Des clochers conduisaient parmi les plaines vertes
    Leurs hameaux aux...

  • O toi dont le pouvoir remplit l'immensité,
    Suprême ordonnateur de ces célestes sphères
    Dont j'ai voulu jadis, en ma témérité,
    Calculer les rapports et sonder les mystères ;
    Esprit consolateur, reçois du haut du ciel
    L'unique et pur hommage
    D'un des admirateurs de...

  • I

    De toutes les belles choses
    Qui nous manquent en hiver,
    Qu'aimez-vous mieux ? - Moi, les roses ;
    - Moi, l'aspect d'un beau pré vert ;
    - Moi, la moisson blondissante,
    Chevelure des sillons ;
    - Moi, le rossignol qui chante ;
    - Et moi, les beaux...

  • Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
    Tour à tour amoureux insoucieux et tendre,
    Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre.
    Un jour il entendit qu'à sa porte on sonnait.

    C'était la Mort ! Alors il la pria d'attendre
    Qu'il eût posé le point à son dernier...

  • Non, laisse-moi, je t'en supplie ;
    En vain, si jeune et si jolie,
    Tu voudrais ranimer mon coeur :
    Ne vois-tu pas, à ma tristesse,
    Que mon front pâle et sans jeunesse
    Ne doit plus sourire au bonheur ?

    Quand l'hiver aux froides haleines
    Des fleurs qui...

  • Quand les feux du soleil inondent la nature,
    Quand tout brille à mes yeux et de vie et d'amour,
    Si je vois une fleur qui s'ouvre, fraîche et pure,
    Aux rayons d'un beau jour ;

    Si des troupeaux joyeux bondissent dans la plaine,
    Si l'oiseau chante au bois où je vais...

  • Il est un air pour qui je donnerais
    Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
    Un air très-vieux, languissant et funèbre,
    Qui pour moi seul a des charmes secrets.

    Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
    De deux cents ans mon âme rajeunit :
    C'est sous Louis...

  • I

    Quand le Seigneur, levant au ciel ses maigres bras
    Sous les arbres sacrés, comme font les poètes,
    Se fut longtemps perdu dans ses douleurs muettes,
    Et se jugea trahi par des amis ingrats ;

    Il se tourna vers ceux qui l'attendaient en bas
    Rêvant d'être...

  • En voyage, on s'arrête, on descend de voiture ;
    Puis entre deux maisons on passe à l'aventure,
    Des chevaux, de la route et des fouets étourdi,
    L'oeil fatigué de voir et le corps engourdi.

    Et voici tout à coup, silencieuse et verte,
    Une vallée humide et de lilas...

  • qui m'avait donné son livre du Rhin

    De votre amitié, maître, emportant cette preuve
    Je tiens donc sous mon bras "le Rhin". - J'ai l'air d'un fleuve
    Et je me sens grandir par la comparaison.

    Mais le Fleuve sait-il lui pauvre Dieu sauvage
    Ce qui lui donne un...