Gérard de Nerval

  • Au printemps l'oiseau naît et chante :
    N'avez-vous pas ouï sa voix ?...
    Elle est pure, simple et touchante,
    La voix de l'oiseau - dans les bois !

    L'été, l'oiseau cherche l'oiselle ;
    Il aime - et n'aime qu'une fois !
    Qu'il est doux, paisible et fidèle,
    ...

  • Où fuir ? Où me cacher ? Quel déluge d'écrits,
    En ce siècle falot vient infecter Paris,
    En vain j'ai reculé devant le Solitaire,
    Ô Dieu du mauvais goût ! Faut-il donc pour te plaire
    Entasser des grands mots toujours vides de sens,
    Chanter l'homme des nuits, ou l'esprit...

  • La Treizième revient... C'est encor la première ;
    Et c'est toujours la Seule, - ou c'est le seul moment :
    Car es-tu Reine, ô Toi! la première ou dernière ?
    Es-tu Roi, toi le seul ou le dernier amant ? ...

    Aimez qui vous aima du berceau dans la bière ;
    Celle que j'...

  • Le vieux père en tremblant ébranlait l'univers.
    Isis, la mère enfin se leva sur sa couche,
    Fit un geste de haine à son époux farouche,
    Et l'ardeur d'autrefois brilla dans ses yeux verts.

    "Regardez-le ! dit-elle, il dort, ce vieux pervers,
    Tous les frimas du monde...

  • Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
    Enterrer cependant Paris qu'elle a vu naître ;
    Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
    Comme un loup fait un boeuf, cette carcasse lourde,
    Tordra ses nerfs de fer, et puis d'une dent sourde
    Rongera...

  • César a fermé la paupière ;
    Au jour doit succéder la nuit ;
    Que s'éteigne toute lumière,
    Que s'évanouisse tout bruit.

    A travers ces arcades sombres,
    Enfants aux folles passions,
    Disparaissez comme des ombres,
    Fuyez comme des visions.

    Allez,...

  • Élégie

    Par mon amour et ma constance,
    J'avais cru fléchir ta rigueur,
    Et le souffle de l'espérance
    Avait pénétré dans mon coeur ;
    Mais le temps, qu'en vain je prolonge,
    M'a découvert la vérité,
    L'espérance a fui comme un songe...
    Et mon amour seul...

  • Où sont nos amoureuses ?
    Elles sont au tombeau .
    Elles sont plus heureuses,
    Dans un séjour plus beau !

    Elles sont près des anges,
    Dans le fond du ciel bleu,
    Et chantent les louanges
    De la mère de Dieu !

    Ô blanche fiancée !
    Ô jeune vierge...

  • Une amoureuse flamme
    Consume mes beaux jours ;
    Ah ! la paix de mon âme
    A donc fui pour toujours !

    Son départ, son absence
    Sont pour moi le cercueil ;
    Et loin de sa présence
    Tout me paraît en deuil.

    Alors, ma pauvre tête
    Se dérange...

  • Qu'ils étaient doux ces jours de mon enfance
    Où toujours gai, sans soucis, sans chagrin,
    je coulai ma douce existence,
    Sans songer au lendemain.
    Que me servait que tant de connaissances
    A mon esprit vinssent donner l'essor,
    On n'a pas besoin des sciences,
    ...