François de Malherbe

  • Que l'honneur de mon prince est cher aux destinées !
    Que le démon est grand qui lui sert de support !
    Et que visiblement un favorable sort
    Tient ses prospérités l'une à l'autre enchaînées !

    Ses filles sont encor en leurs tendres années :
    Et déjà leurs appas ont un...

  • Trois ans déjà passés, théâtre de la guerre,
    J'exerce de deux chefs les funestes combats,
    Et fais émerveiller tous les yeux de la terre,
    De voir que le malheur ne m'ose mettre à bas.

    A la merci du Ciel en ces rives je reste,
    Où je souffre l'hiver froid à l'...

  • A la fin tant d'amants dont les âmes blessées
    Languissent nuit et jour,
    Verront sur leur auteur leurs peines renversées,
    Et seront consolés aux dépens de l'Amour.

    Ce public ennemi, cette peste du monde,
    Que l'erreur des humains
    Fait le maître absolu de la...

  • Mon roi, s'il est ainsi que des choses futures,
    L'école d'Apollon apprend la vérité,
    Quel ordre merveilleux de belles aventures
    Va combler de lauriers votre postérité !

    Que vos jeunes lions vont amasser de proie,
    Soit qu'aux rives du Tage ils portent leurs combats...

  • Mopse, entre les devins l'Apollon de cet âge
    Avait toujours fait espérer
    Qu'un soleil qui naîtrait sur les rives du Tage,
    En la terre du lis nous viendrait éclairer.

    Cette prédiction semblait une aventure
    Contre le sens et le discours,
    N'étant pas convenable...

  • Beauté, mon beau souci, de qui l'âme incertaine
    A, comme l'océan, son flux et son reflux,
    Pensez de vous résoudre à soulager ma peine,
    Ou je me vais résoudre à ne la souffrir plus.

    Vos yeux ont des appas que j'aime et que je prise.
    Et qui peuvent beaucoup dessus ma...

  • Et quoi donc ? la France féconde
    En incomparables guerriers,
    Aura jusqu'aux deux bouts du monde
    Planté des forêts de lauriers,
    Et fait gagner à ses armées
    Des batailles si renommées,
    Afin d'avoir cette douleur
    D'ouïr démentir ses victoires,
    Et nier ce que...

  • Quoi donc, grande princesse, en la terre adorée,
    Et que même le Ciel est contraint d'admirer,
    Vous avez résolu de nous voir demeurer
    En une obscurité d'éternelle durée ?

    La flamme de vos yeux, dont la cour éclairée
    A vos rares vertus ne peut rien préférer,
    Ne...

  • Enfin l'ire du ciel et sa fatale envie,
    Dont j'avais repoussé tant d'injustes efforts,
    Ont détruit ma fortune, et, sans m'ôter la vie,
    M'ont mis entre les morts.

    Henri, ce grand Henri, que les soins de nature
    Avaient fait un miracle aux yeux de l'univers
    ...

  • Mes yeux, vous m'êtes superflus ;
    Cette beauté qui m'est ravie,
    Fut seule ma vue et ma vie,
    Je ne vois plus, ni ne vis plus.
    Qui me croit absent, il a tort,
    Je ne le suis point, je suis mort.

    O qu'en ce triste éloignement,
    Où la nécessité me traîne,
    ...