François de Malherbe

  • Beauté de qui la grâce étonne la nature,
    Il faut donc que je cède à l'injure du sort,
    Que je vous abandonne, et loin de votre port
    M'en aille au gré du vent suivre mon aventure.

    Il n'est ennui si grand que celui que j'endure :
    Et la seule raison qui m'empêche la...

  • Ta douleur, du Périer, sera donc éternelle,
    Et les tristes discours
    Que te met en l'esprit l'amitié paternelle
    L'augmenteront toujours

    Le malheur de ta fille au tombeau descendue
    Par un commun trépas,
    Est-ce quelque dédale, où ta raison perdue
    Ne se...

  • Quoi donc c'est un arrêt qui n'épargne personne
    Que rien n'est ici-bas heureux parfaitement,
    Et qu'on ne peut au monde avoir contentement,
    Qu'un funeste malheur aussitôt n'empoisonne.

    La santé de mon prince en la guerre était bonne :
    Il vivait aux combats comme en...

  • Dure contrainte de partir,
    A quoi je ne puis consentir,
    Et dont je ne m'ose défendre,
    Que ta rigueur a de pouvoir ?
    Et que tu me fais bien apprendre
    Quel tyran C'est que le devoir ?

    J'aurai donc nommé ces beaux yeux
    Tant de fois mes rois et mes dieux ?...

  • C'est faussement qu'on estime,
    Qu'il ne soit point de beautés,
    Où ne se trouve le crime
    De se plaire aux nouveautés.

    Si Madame avait envie,
    De brûler de feux divers,
    Serait-elle pas suivie
    Des yeux de tout l'univers ?

    Est-il courage si brave...

  • Caliste, en cet exil j'ai l'âme si gênée
    Qu'au tourment que je souffre il n'est rien de pareil :
    Et ne saurais ouïr ni raison, ni conseil,
    Tant je suis dépité contre ma destinée.

    J'ai beau voir commencer et finir la journée,
    En quelque part des cieux que luise le...

  • Quel astre malheureux ma fortune a bâtie ?
    A quelles dures lois m'a le Ciel attaché,
    Que l'extrême regret ne m'ait point empêché
    De me laisser résoudre à cette départie ?

    Quelle sorte d'ennuis fut jamais ressentie
    Egale au déplaisir dont j'ai l'esprit touché ?...

  • Objet divin des âmes et des yeux,
    Reine, le chef-d'oeuvre des cieux :
    Quels doctes vers me feront avouer
    Digne de te louer ?

    Les monts fameux des vierges, que je sers
    Ont-ils des fleurs en leurs déserts,
    Qui s'efforçant d'embellir ta couleur,
    Ne...

  • Voici de ton Etat la plus grande merveille,
    Ce fils où ta vertu reluit si vivement ;
    Approche-toi, mon prince, et vois le mouvement
    Qu'en ce jeune Dauphin la musique réveille.

    Qui témoigna jamais une si juste oreille
    A remarquer des tons le divers changement ?...

  • Belle âme, aux beaux travaux sans repos adonnée,
    Si parmi tant de gloire et de contentement
    Rien te fâche là-bas, c'est l'ennui seulement
    Qu'un indigne trépas ait clos ta destinée.

    Tu penses que d'Yvry la fatale journée,
    Où ta belle vertu parut si clairement,
    ...