André Chénier

  • L'innocente victime, au terrestre séjour,
    N'a vu que le printemps qui lui donna le jour.
    Rien n'est resté de lui qu'un nom, un vain nuage,
    Un souvenir, un songe, une invisible image.
    Adieu, fragile enfant échappé de nos bras ;
    Adieu, dans la maison d'où l'on ne...

  • Je sais, quand le midi leur fait désirer l'ombre,
    Entrer à pas muets sous le roc frais et sombre,
    D'où parmi le cresson et l'humide gravier
    La naïade se fraye un oblique sentier.
    Là j'épie à loisir la nymphe blanche et nue
    Sur un banc de gazon mollement étendue,...

  • Quand la feuille en festons a couronné les bois,
    L'amoureux rossignol n'étouffe point sa voix.
    Il serait criminel aux yeux de la nature,
    Si, de ses dons heureux négligeant la culture,
    Sur son triste rameau, muet dans ses amours,
    Il laissait sans chanter expirer les...

  • " Apollon, dieu sauveur, dieu des savants mystères,
    Dieu de la vie, et dieu des plantes salutaires,
    Dieu vainqueur de Python, dieu jeune et triomphant,
    Prends pitié de mon fils, de mon unique enfant !
    Prends pitié de sa mère aux larmes condamnée,
    Qui ne vit que pour lui...

  • Fragments


    Magellan, fils du Tage, et Drake et Bougainville
    Et l'Anglais dont Neptune aux plus lointains climats
    Reconnaissait la voile et respectait les pas.
    Le Cancer sous les feux de son brûlant tropique
    L'attire entre l'Asie et la vaste Amérique,...

  • Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose,
    A votre fuite en vain un long regret s'oppose.
    Beaux jours, quoique, souvent obscurcis de mes pleurs,
    Vous dont j'ai su jouir même au sein des douleurs,
    Sur ma tête bientôt vos fleurs seront fanées ;
    Hélas ! bientôt...

  • Fanny, l'heureux mortel qui près de toi respire
    Sait, à te voir parler et rougir et sourire,
    De quels hôtes divins le ciel est habité.
    La grâce, la candeur, la naïve innocence
    Ont, depuis ton enfance,
    De tout ce qui peut plaire enrichi ta beauté.

    Sur tes...

  • Quand l'ardente saison fait aimer les ruisseaux,
    A l'heure où vers le soir, cherchant le frais des eaux,
    La belle nonchalante à l'ombre se promène,
    Que sa bouche entr'ouverte et que sa pure haleine
    Et son sein plus ému de tendresse et de voeux
    Appellent les baisers...

  • Pleurez, doux alcyons ! ô vous, oiseaux sacrés,
    Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez !
    Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine !
    Un vaisseau la portait aux bords de Camarine :
    Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
    Devaient la reconduire au seuil de...

  • Ah ! ce n'est point à moi qu'on s'occupe de plaire.
    Ma soeur plus tôt que moi dut le jour à ma mère.
    Si quelques beaux bergers apportent une fleur,
    Je sais qu'en me l'offrant ils regardent ma soeur ;
    S'ils vantent les attraits dont brille mon visage,
    Ils disent à ma...