Je t'apporte, ce soir, comme offrande, ma joie
D'avoir plongé mon corps dans l'or et dans la soie
Du vent joyeux et franc et du soleil superbe ;
Mes pieds sont clairs d'avoir marché parmi les herbes,
Mes mains douces d'avoir touché le coeur des fleurs,
Mes yeux...
Émile Verhaeren
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Les jours d'hiver quand le froid serre
Le bourg, le clos, le bois, la fange,
Poteaux de haine et de misère,
Par l'infini de la campagne,
Les mendiants ont l'air de fous.
Dans le matin, lourds de leur nuit,
Ils s'enfoncent au creux des routes,
Avec leur... -
Les jours de fraîche et tranquillé santé,
Lorsque la vie est belle ainsi qu'une conquête,
Le bon travail prend place à mes côtés,
Comme un ami qu'on fête.
Il vient des pays doux et rayonnants,
Avec des mots plus clairs que les rosées,
Pour y sentir, en les... -
Je ne puis voir la mer sans rêver de voyages.
Le soir se fait, un soir ami du paysage,
Où les bateaux, sur le sable du port,
En attendant le flux prochain, dorment encor.
Oh ce premier sursaut de leurs quilles cabrées,
An fouet soudain des montantes marées... -
En un creux de terrain aussi profond qu'un antre,
Les étangs s'étalaient dans leur sommeil moiré,
Et servaient d'abreuvoir au bétail bigarré,
Qui s'y baignait, le corps dans l'eau jusqu'à mi-ventre.
Les troupeaux descendaient, par des chemins penchants :
Vaches à... -
C'est un bazar, au bout des faubourgs rouges :
Etalages toujours montants, toujours accrus,
Tumulte et cris jetés, gestes vifs et bourrus
Et lettres d'or, qui soudain bougent,
En torsades, sur la façade.
C'est un bazar, avec des murs géants
Et des balcons et... -
Ce mont,
Avec son ombre prosternée,
Au clair de lune, devant lui,
Règne, infiniment, la nuit,
Tragique et lourd, sur la campagne lasse.
Par les carreaux de leurs fenêtres basses,
Les chaumières pauvres et vieilles
De loin en loin, comme des gens,... -
Avec mes sens, avec mon coeur et mon cerveau,
Avec mon être entier tendu comme un flambeau
Vers ta bonté et vers ta charité
Sans cesse inassouvies,
Je t'aime et te louange et je te remercie
D'être venue, un jour, si simplement,
Par les chemins du dévouement,
... -
... Sois ton bourreau toi-même ;
N'abandonne le soin de te martyriser
A personne, jamais. Donne ton seul baiser
Au désespoir ; déchaîne en toi l'âpre blasphème ;
Force ton âme, éreinte-la contre l'écueil :
Les maux du coeur qu'on exaspère, on les commande ;
La... -
Le passeur d'eau, les mains aux rames,
A contre flot, depuis longtemps,
Luttait, un roseau vert entre les dents.
Mais celle hélas! Qui le hélait
Au delà des vagues, là-bas,
Toujours plus loin, par au delà des vagues,
Parmi les brumes reculait.
...