Pour la lutte qui s'ouvre au seuil des mauvais jours,
Ma mère m'a fait don d'un petit portrait d'elle,
Un gage auquel je suis resté depuis fidèle
Et qu'à mon cou suspend un cordon de velours.
" Sur l'autel de ton coeur, puisque la Mort m'appelle,
Enfant, m'a-t-elle...
Émile Nelligan
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Loin des vitres ! clairs yeux dont je bois les liqueurs,
Et ne vous souillez pas à contempler les plèbes.
Des gels norvégiens métallisent les glèbes,
Que le froid des hivers nous réchauffe les coeurs !
Tels des guerriers pleurant les ruines de Thèbes,
Ma mie, ainsi... -
La tristesse a jeté sur mon coeur ses longs voiles
Et les croassements de ses corbeaux latents ;
Et je rêve toujours au vaisseau des vingt ans,
Depuis qu'il a sombré dans la mer des Étoiles.
Oh ! quand pourrais-je encor comme des crucifix
Étreindre entre mes... -
Les heurs crèvent comme une bombe ;
A l'espoir notre jour qui tombe
Se mêle avec le confiant.
Pique aiguille ! assez piqué, piquant !
Les heurs crèvent comme une bombe.
Ici-bas tout geint, casse ou pleure ;
Rien de possible ne demeure
A ce qui... -
C'est l'heure solennelle et calme du silence,
L'Angélus a sonné notre prière à Dieu ;
Le coeur croyant sommeille en un repos immense,
Noyé dans les parfums languissants du Saint-Lieu.
C'est l'heure du pardon et de la pénitence,
C'est bien l'heure où l'on fait notre... -
C'est bien lui, ce visage au sourire inconnu,
Ce front noirci du hâle infernal de l'abîme,
Cet oeil où nage encor la vision sublime :
Le Dante incomparable et l'Homme méconnu.
Ton âme herculéenne, on s'en est souvenu,
Loin des fourbes jaloux du sort de leur... -
Toi-même, éblouissant comme un soleil ancien
Les Regrets des solitudes roses,
Contemple le dégât du Parc magicien
Où s'effeuillent, au pas du Soir musicien,
Des morts de camélias, de roses.
Revisitons le Faune à la flûte fragile
Près des bassins au vaste... -
Clavier vibrant de remembrance,
J'évoque un peu des jours anciens,
Et l'Eden d'or de mon enfance
Se dresse avec les printemps siens,
Souriant de vierge espérance
Et de rêves musiciens...
Vous êtes morte tristement,
Ma muse des choses dorées,
Et... -
L'hiver, de son pinceau givré, barbouille aux vitres
Des pastels de jardins de roses en glaçons.
Le froid pique de vif et relègue aux maisons
Milady, canaris et les jockos bélîtres.
Mais la petite Miss en berline s'en va,
Dans son vitchoura blanc, une ombre de... -
Aux jours de sa vieille détresse
Elle avait, la pauvre négresse,
Gardé cet oiseau d'allégresse.
Ils habitaient, au coin hideux,
Un de ces réduits hasardeux,
Un faubourg lointain, tous les deux.
Lui, comme jadis à la foire,
Il jacassait les...