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« Il était très tard » Ivan Bounine 1890 French

 
Il était très tard, j’étais avec elle aux champs.
En tremblant je frôlais ses douces lèvres.
« Je veux les enlacements jusqu’à la douleur —
Sois avec moi sans pitié et brutal ! »

Fatiguée, elle implora doucement :
« Dorlotte-moi, laisse me reposer !
N...

« Il ny à si grossier qui ne connoisse bien » Jean-Baptiste Chassignet 1591 French

Il ny à si grossier qui ne connoisse bien
Devoir un jour mourir, & toutefois quant l’heure
De la mort est venue, il se tourmente, & pleure
Desireus de sa perte, & jalous de son bien.

N’a il pas bien faillu que pere & mere tien
Homme sans jugement,...

« Ils croyaient se cacher dans leur bassesse obscure » André Chénier 1782 French

 
Ils croyaient se cacher dans leur bassesse obscure...
.....................................................
Sur ses pieds inégaux l'épode vengeresse
       Saura les atteindre pourtant.
Diamant ceint d'azur, Paros, œil de la Grèce,
       De l'onde Égée...

« Ils ont tué trois petites filles » Maurice Maeterlinck 1882 French

III

Ils ont tué trois petites filles
Pour voir ce qu’il y a dans leur cœur.

Le premier était plein de bonheur;
Et partout où coula son sang,
Trois serpents sifflèrent trois ans.

Le deuxième était plein de douceur,
Et partout où...

« Ils osent résister ! » Albert Glatigny 1859 French

 
« Ils osent résister ! » disent-ils. Nous osons.
Parce qu’ils ont chez eux l’homme des trahisons,
Ils pensent nous trouver abattus. Bêtes brutes !
Mais ce coup décisif et fatal que vous crûtes
Nous porter, s’est tourné contre vous justement.
Décapité d’un...

« Ils vivent cependant et de tant de victimes » André Chénier 1782 French

 
Ils vivent cependant et de tant de victimes
     Les cris ne montent point vers toi.
C'est un pauvre poète, ô grand Dieu des armées,
     Que seul, captif, près de la mort,
Attachant à ses vers des ailes enflammées
     De ton tonnerre qui s'endort,
De...

« Je la verrai » Jean Polonius 1820 French

 
« Je la verrai : l’air est serein,
« Le ciel est pur et sans nuage ;
« Sous les tilleuls de ce jardin
« Elle viendra chercher l’ombrage.
« De loin mes regards la suivront
« Parmi la foule murmurante ;
« Nos yeux muets se parleront,
« Et j’...

« Je me penchai. » Victor Hugo 1822 French

 
Je me penchai. J’étais dans le lieu ténébreux ;
Là gisent les fléaux avec la nuit sur eux ;
Et je criai : — Tibère ! — Eh bien ? me dit cet homme.
— Tiens-toi là. — Soit. — Néron ! — L’autre monstre de Rome
...

« Je ne sais pourquoi » Paul Verlaine 1902 French

                        Je ne sais pourquoi
                        Mon esprit amer
D’une aile inquiète et folle vole sur la mer,
                        Tout ce qui m’est cher,
                        D’une aile d’effroi
Mon amour le couve au ras des flots....

« Je ne sais si je vais sembler étrange à ceux » Victor Hugo 1822 French

VII

Je ne sais si je vais sembler étrange à ceux
Qui pensent que devant le sort trouble et chanceux,
Devant Sedan, devant le flamboiement du glaive,
Il faut brûler un cierge à Sainte-Geneviève,
Qu'on serait sûr d'avoir le secours le plus...

« Je ne suis pas de ceux pour qui les causeries » Charles Augustin Sainte-Beuve 1824 French

Je ne suis pas de ceux pour qui les causeries,
Au coin du feu, l’hiver, ont de grandes douceurs ;
Car j’ai pour tous voisins d’intrépides chasseurs,
Rêvant de chiens dressés, de meutes aguerries,

Et des fermiers causant jachères et prairies,
Et le juge de paix...

« Je ne suis plus celui qui respirait la vie » François Béroalde de Verville 1576 French

 
Je ne suis plus celui qui respirait la vie
De vos yeux, mon soleil, je ne suis qu'un vain corps.
Amour qui m'a frappé de ses traits les plus forts
Pour triompher de moi, a mon âme ravie.

Mon esprit erre en bas en la plaine obscurcie,
Et mon corps au tombeau...

« Je n’ai pas de palais épiscopal en ville » Victor Hugo 1822 French

IV

Je n'ai pas de palais épiscopal en ville,
Je n'ai pas de prébende et de liste civile,
Nul temple n'offre un trône à mon humilité,
Nul suisse en colonel ne brille à mon côté,
Je ne me montre pas aux gros yeux des ganaches
Sous un...

« Je regrette les yeux » Albert Lozeau 1898 French

 

JE regrette les yeux qui jadis m’ont souri
Parce que je fus pâle et que ma chair souffrit ;
Malgré ce que le temps en nous efface ou voile,
De leurs regards émus ma mémoire s’étoile.
Je me suis fait moi-même un ciel intérieur
Que l’esprit de ce siècle...

« Je sais un nid charmant et tendre » Théophile Gautier 1831 French

Je sais un nid charmant et tendre
Où niche l’oiseau bleu du cœur,
L’oiseau dont nul ne peut entendre
Sans tressaillir, l’accent vainqueur ;

Nid plein de grâces sans pareilles,
Qui, sous un rayon de gaieté,
Scintillent comme des abeilles
Dans l’or des...

« Je suis fait d’ombre et de marbre » Victor Hugo 1908 French

 
Je suis fait d’ombre et de marbre.
Comme les pieds noirs de l’arbre,
Je m’enfonce dans la nuit.
J’écoute ; je suis sous terre ;
D’en bas je dis au tonnerre :
Attends ! Ne fais pas de bruit.

Moi qu’on nomme le poète,
Je suis dans la nuit muette...

« Je suis haï. Pourquoi ? Parce que je défends » Victor Hugo 1908 French

 
Je suis haï. Pourquoi ? Parce que je défends
Les faibles, les vaincus, les petits, les enfants.
Je suis calomnié. Pourquoi ? Parce que j’aime
Les bouches sans venin, les cœurs sans stratagème.
Le bonze aux yeux baissés m’abhorre avec ferveur,
Mais qu’est-ce...

« Je t’aime » Sully Prudhomme 1859 French

 
Je t'aime. Il est des jours, il est des jours sacrés
        Où l'âme sent tout bas renaître
La mémoire des morts qu'on a trop peu pleurés
        Et qu'on fit trop pleurer peut-être.
Allons sur les tombeaux de nos parents perdus
        Réparer cet ancien...

« Je vis Aldebaran dans les cieux. Je lui dis » Victor Hugo 1908 French

Je vis Aldebaran dans les cieux. Je lui dis :

— Ô toi qui luis ! Ô toi qui des clairs paradis
Ou des hideux enfers portes la torche énorme,
Toi seul connais ta loi, je ne vois que ta forme ;
Car d'une énigme à l'autre on ne peut traverser.
Tout est sphinx ; quand...

« Je vivais sans cœur » Barbey d’Aurevilly 1828 French

 
Je vivais sans cœur, tu vivais sans flamme,
Incomplets, mais faits pour un sort plus beau ;
Tu pris de mes sens, je pris de ton âme,
Et tous deux ainsi nous nous partageâme :
Mais c’est toi qui fis le meilleur cadeau !

Oui ! c’est toi, merci… C’est toi,...