« Je t’aime »

 
Je t'aime. Il est des jours, il est des jours sacrés
        Où l'âme sent tout bas renaître
La mémoire des morts qu'on a trop peu pleurés
        Et qu'on fit trop pleurer peut-être.
Allons sur les tombeaux de nos parents perdus
        Réparer cet ancien outrage.
On ne donne aux vieillards les pleurs qui leur sont dus
        Que le jour où l'on a leur âge.

Collection: 
1859

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Mon corps, vil accident de l’éternel ensemble ;
Mon cœur, fibre malade aux souffrantes amours ;
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Tu veux toi-même ouvrir ta tombe :
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Tresse d’invisibles épines
Et les enfonce dans ton...

Ces vers que toi seule aurais lus,
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Au nuage...

 
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