Paix

 

DE menus carillons d’argent font chanter l’air.
Le soleil sur la neige a mis un reflet clair.
Le ciel est bleu comme un regard de jeune fille,
Et tout dans la lumière hivernale scintille.
Je ne sais quelle paix heureuse est dans mon cœur…
J’avais contre la vie une sourde rancœur,
Et le matin d’azur à la rumeur sonore,
Encore tout joyeux des beautés de l’aurore,
M’a fait une âme calme et douce infiniment
Où, par les rayons d’or, entre le firmament.

                                                       * * *

Si j’avais, a cette heure, une amie ancienne
Qui fût un peu rêveuse, un peu musicienne ;
Qui sentît le désir violent, comme moi,
D’harmoniser toujours son plus subtil émoi,
J’écouterais, les yeux fermés avec délice,
La mélodie intime et qui sous les doigts glisse
Comme une eau murmurante et fluide qui fuit
En reflétant le jour exprimé par son bruit…
Et je me sentirais, comme en des bras de femme,
Amoureusement tendre et bercé jusqu’à l’âme !...

                                                       * * *

Mais je suis seul par ce matin qui chante et rit,
Avec la quiétude adorable en l’esprit.
J’aimerais. J’écrirais d’une plume charmée :
Hélas ! que sert l’amour sans une bien-aimée !
Les vers sont un encens qu’on brûle pour quelqu’un :
Qui donc respirerait dans les miens leur parfum ?
Personne ! O doux matin qui passes sur les choses,
Léger comme un oiseau voltigeant sur des roses,
Conduis-moi vers le soir où tu t’en vas mourant,
Libre de tout regret stérile et torturant !

Collection: 
1898

More from Poet

Dans le vent qui les tord les érables se plaignent,
Et j'en sais un, là-bas, dont tous les rameaux saignent !

Il est dans la montagne, auprès d'un chêne vieux,
Sur le bord d'un chemin sombre et silencieux.

L'écarlate s'épand et le rubis s'écoule
De sa large ramure...

 

DANS l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
Les nuages, pareils à de légers bateaux,
Naviguent, éclatants, vers des îles d’étoiles,
Avec la majesté des cygnes sur les eaux.

Ils voguent, sans troubler d’un remous l’onde bleue ;
...

 

LES Visions du soir passent, comme des vierges
En fins souliers d’azur, en robes de lin blanc,
Et leurs doigts délicats sont étoilés de cierges
Dont le feu pâle est sous l’haleine vacillant.

Les Visions du soir, cortèges angéliques,
Chantent, dans la...

 

J’IMPROVISE ces vers mystérieux pour une
Qui rayonne de grâce et de blanche beauté,
Dont le regard semble un crépuscule d’été
Qui se meurt lentement par un lever de lune.

Je ne sais pas pourquoi je lui donne ces vers.
Je vois dans ma pensée éclore son...

 

AUX feux de mon esprit qui s’allume dans l’ombre,
Je me regarde vivre avec étonnement :
Une fierté triomphe en ma stature sombre,
Et je suis comme un roi promis au firmament !

J’ai des chants de victoire au cœur, je me célèbre !
Comme autrefois David...