Salut à toi, clocher de ma terre natale,
Qui, toujours, émergeant avec même ferveur,
Qui, toujours, déchirant la brume matinale,
Comme une aubade triomphale,
Aura son refrain dans mon cœur.
Salut à toi, clocher de ma prime jeunesse,
Dont la grande beauté s’avivait à mes yeux.
Au carillon joyeux d’une tendre liesse,
Frôlant d’éternelle caresse
Le clair soleil riant aux cieux.
Il me semblait alors que ta pointe effilée
Situait tout là-haut un quelconque infini,
Et la voûte du ciel, maintes fois écroulée,
À chaque regard, redressée…
Me retrouvait fort ébahi.
Je te revois, doré de splendides lumières,
Avec ton coq hardi, baignant dans la clarté,
Et vibrant aux simples, mais puissantes prières
De ces foules, les premières
De la plus fruste chrétienté !
Lorsque, dans tes recoins s’abritent les corneilles,
Tu tressailles, surpris, de leur chant guttural,
Ne trouvant pas en lui, les exquises merveilles,
Faisant à jamais, sans pareilles,
Les voix de mon pays natal.
Ami, c’est que pour toi, l’abeille qui bourdonne,
Le pigeon roucoulant dans l’ombre du taillis,
Le ruisselet frondeur dont chaque note donne
Douce et charmante « sôn » bretonne,
Sont plus dignes d’être compris.
C’est que depuis longtemps, tu perçois des louanges,
Monter avec l’encens dans l’hymne du Seigneur,
Tu voisines ainsi, ton chef avec les anges,
Et tes pieds trempant dans la fange
T’ont révélé l’humain malheur.
Salut à toi, clocher de ma terre natale,
Compagnon averti de l’immuable sol,
Vers toi, contemporain d’époque colossale,
À l’âme forte et virginale,
Mes souvenirs prennent leur vol.