Nostalgie de jeunesse blanche

 
Douleur de voir une par une
Les fleurs de sa jeunesse en fuite dans le vent,
Et de les voir tomber sur le gazon mouvant
Comme des larmes de la Lune.

Douleur de voir diminué
Son patrimoine ancien d’espérance et de rêve,
Et d’être un grand oiseau perdu sur une grève,
Qui bat de l’aile, exténué !

Douleur d’avoir appris la vie,
De ne plus croire à rien des choses qu’on rêva,
Et de ne plus savoir vers quel soleil on va
Sur la pente qu’on a gravie.

Douleur, la plus grande douleur !
Éternelle douleur de douter de soi-même,
Et d’ignorer toujours si l’Art béni qu’on aime
Couronnera votre pâleur.

Devant les belles jeunes vierges,
Douleur de se sentir incapable d’aimer,
Et de n’être plus chaste et digne d’allumer
Ses désirs purs comme des cierges.

Douleur dans les jardins, le soir,
Quand elles vont rêvant à leurs amours prochaines
Et que leur âme en fleur monte à travers les chênes
Avec des parfums d’encensoir.

Douleur de se sentir indigne
Et qu’au lac de son cœur sali, bourbeux, obscur,
Jamais ne flottera, dans des frissons d’azur,
L’innocence d’un pareil cygne !

Oh ! soi-même redevenir
L’homme candide et bon de son adolescence,
Et, rentrant dans son cœur comme après une absence,
Recommencer son avenir !

Collection: 
1913

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