Aux vallons endormis la nuit glisse en silence.
Mes vieux pins sont drapés dans leurs sombres manteaux.
On n'entend plus monter le rythme des marteaux,
On ne voit plus la nef que la vague balance.
Une fauve lueur, comme un éclair de lance,
Embrase un coin du ciel, au-dessus des coteaux.
Les cimes ont de l'or dans leurs noirs chapiteaux.
Vers ces derniers rayons le vol des coeurs s'élance.
Et c'est le soir pour moi ! Loin mon joyeux matin,
Loin le midi de flamme où mon coeur libertin,
Martelé par l'amour, sonnait comme une enclume !
Mais au fond de mon âme où le soleil a lui,
Crépuscule nouveau qu'un souvenir allume,
Je vois un doux reflet de mon bonheur enfui.