La mer morte

Près des. monts de Judée, arides, sans fraîcheurs,
Et des monts de Moab aux sèves fécondantes,
L'Asphaltite maudit berce ses eaux mordantes,
Où jamais ne tomba le filet des pécheurs.

Les rocs nus sont rayés de sinistres blancheurs.
Serait-ce un reste froid de vos cendres ardentes,
Impudiques cités ? Les vagues abondantes
Ont-elles pu laver le front de vos pécheurs ?

De la vie en ce monde on se croit à la borne ;
Nul chant n'y réjouit la solitude morne ;
A ne fleurir jamais ces bords sont condamnés.

Dors en ton gouffre amer, sur ton lit de bitume ;
Ta coupe est décevante et pleine d'amertume...
N'es-tu pas faite, ô mer ! des pleurs de tes damnés ?

Collection: 
1878

More from Poet

  • Quand tu luis au-dessus de la forêt mouvante,
    On dirait que des feux s'allument tout au fond.
    Tu donnes un baiser à l'océan profond,
    Et l'océan frémit comme une âme vivante.

    Es-tu notre compagne ? Es-tu notre servante ?
    Ton éclat nous ravit, ton pouvoir nous...

  • Aux vallons endormis la nuit glisse en silence.
    Mes vieux pins sont drapés dans leurs sombres manteaux.
    On n'entend plus monter le rythme des marteaux,
    On ne voit plus la nef que la vague balance.

    Une fauve lueur, comme un éclair de lance,
    Embrase un coin du ciel,...

  • - Et le mal nous a pris, séduisant, enjôleur,
    Comme un filet de soie en ses brillantes mailles.
    Eve a senti l'amour embraser ses entrailles ;
    Elle a, bénissant Dieu, fait l'homme de douleur.

    Dieu m'a dit, irrité : « Tu scelles ton malheur.
    Il faut que chaque jour...

  • Comme au milieu des mers d'immobiles vaisseaux,
    Depuis des milliers d'ans vous dormez dans vos sables,
    Et sur vos fronts, pour vous créer impérissables,
    La force et le génie ont imprimé leurs sceaux.

    Vainement la lumière, en radieux faisceaux,
    Pleut sur vous, vos...

  • Les vapeurs du matin, légères et limpides,
    Ondulent mollement le long des Laurentides,
    Comme des nuages d'encens.
    Au murmure des flots caressant le rivage,
    Les oiseaux matineux, cachés dans le feuillage,
    Mêlent de suaves accents.

    La nature, au réveil, chante...