Veux-tu savoir, Mondain, quel est mon être au monde ?
Je ne suis rien qu'un mort qui, vif entre les morts,
Meurs entre les vivants, sous les divers efforts
Du contraste au combat où tout mon heur je fonde.
De ces duels ma trêve à son salut redonde,
De mes maux sourd mon bien et d'accordants discords
Mon esprit m'entretient en paix avec mon corps,
D'où je tire ma joie où ma tristesse abonde.
Ma vie est en ma mort, en mon mal mon bonheur,
Ma lumière en ma nuit, mon courage en ma peur,
Ainsi d'un même lieu me naît chose diverse.
Mais aux Régénérés est seul commun ce sort,
L'esprit de mort à vie en leur chair les exerce,
Pendant que les mondains courent de vie à mort.