Comme un navire en mer au fort de la tourmente

Comme un navire en mer au fort de la tourmente,
Prêt à choquer les rocs par les vents agité,
Sitôt qu'un feu de joie a montré sa clarté,
L'air se tait, l'eau se calme, et l'orage s'absente,

La nef sans peur recourt sur sa première sente
Au rivage étranger qu'elle avait écarté,
Fait voile assurément, mire son nord quitté,
Et selon son dessein surgit au port contente,

Mon âme ainsi, battue et des vagues d'ennui
Et des rocs du malheur, périssait aujourd'hui
Au gouffre de ses maux, sans la faveur divine.

Ton oeil, mon feu de joie, ô Dieu, m'a secouru,
Et ta main m'a d'enfer demi-mort recouru :
Ainsi vit qui en temps sent ta grâce bénigne.

Collection: 
1582

More from Poet

  • Ce Monde, comme on dit, est une cage à fous,
    Où la guerre, la paix, l'amour, la haine, l'ire,
    La liesse, l'ennui, le plaisir, le martyre
    Se suivent tour à tour et se jouent de nous.

    Ce Monde est un théâtre où nous nous jouons tous
    Sous habits déguisés à malfaire et...

  • Sonnet

    Pour entrée au sujet des saints soupirs, sur l'homme animal et spirituel

    D'un accordant discord s'entrechoquent en moi
    Deux hommes en un homme, en un corps deux natures,
    Deux formes en un être, et en deux créatures
    Une personne humaine où un se double en...

  • Veux-tu savoir, Mondain, quel est mon être au monde ?
    Je ne suis rien qu'un mort qui, vif entre les morts,
    Meurs entre les vivants, sous les divers efforts
    Du contraste au combat où tout mon heur je fonde.

    De ces duels ma trêve à son salut redonde,
    De mes maux...

  • Comme un navire en mer au fort de la tourmente,
    Prêt à choquer les rocs par les vents agité,
    Sitôt qu'un feu de joie a montré sa clarté,
    L'air se tait, l'eau se calme, et l'orage s'absente,

    La nef sans peur recourt sur sa première sente
    Au rivage étranger qu'elle...