Seigneur, je n'ai cessé, dès la fleur de mon âge,
D'amasser sur mon chef péchés dessus péchés ;
Des dons que tu m'avais dedans l'âme cachés,
Plaisant, je m'en servais à mon désavantage.
Maintenant que la neige a couvert mon visage,
Que mes prés les plus beaux sont fanés et fauchés,
Et que déjà tant d'ans ont mes nerfs desséchés,
Me ramentai le mal de mon âge volage.
Ne m'abandonne point : en ses ans les plus vieux,
Le sage roi des Juifs adora de faux dieux,
Pour complaire au désir des femmes étrangères.
Las ! fais qu'à ton honneur je puisse ménager
Le reste de mes ans, sans de toi m'étranger,
Et sans prendre plaisir aux fables mensongères.