Dialogue

Où sont tant de beautés que le printemps avait,
Ornement des jardins et des molles prairies ?
Où sont toutes les fleurs des campagnes fleuries ?
Où est le temps serein qui les coeurs émouvait ?

Où est le doux plaisir qui dans l'âme pleuvait
Durant les jeunes mois ? par qui les fantaisies
Des esprits généreux célestement nourries
Admiraient les effets que nature pouvait ?

Ces beautés maintenant mortes dessus la terre
Vivent en Artémis, qui les garde et les serre
Pour embellir ce tout de mille biens divers :

La face du printemps de là se renouvelle,
Le soleil y emprunte une clarté plus belle,
Et c'est le paradis de ce grand univers.

Collection: 
1565

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Où sont tant de beautés que le printemps avait,
Ornement des jardins et des molles prairies ?
Où sont toutes les fleurs des campagnes fleuries ?
Où est le temps serein qui les coeurs émouvait ?

Où est le doux plaisir qui dans l'âme pleuvait
Durant les jeunes mois...

L'été sera l'hiver et le printemps l'automne,
L'air deviendra pesant, le plomb sera léger :
On verra les poissons dedans l'air voyager
Et de muets qu'ils sont avoir la voix fort bonne.
L'eau deviendra le feu, le feu deviendra l'eau
Plutôt que je sois pris d'un autre...

En mon avril la Parque m'a vaincu,
Mais bien-heureux d'avoir si peu vescu :
Et que voit-on que fumée en ce monde,
Un vent, un songe, une onde qui suit l'onde ?
Tous les humains sont feuilles du printemps,
Soudain fanis comme l'herbe des champs :
Tout passe et...

J'ai voyagé par les trois parts du monde,
J'ai vu la mer d'où lève le soleil,
Et j'ai vu l'onde où l'attend le sommeil,
Et mille biens dont les hautes louanges
Font ébahir les nations étranges,
Les y tirant par un désir de voir
Qui des pays la grandeur veut...


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