J'entends la triste Philomèle

Chanson

J'entends la triste Philomèle
Qui chante la nuit et le jour :
Mais je ne puis faire comme elle
Qui dit librement son amour.

Je voudrais en mes tristes peines
Me transformer en cet oiseau,
Pour aller chanter sur les chênes
L'ennui qui me mène au tombeau.

J'irais sur la verte ramée
Chanter la beauté de deux yeux,
Et voudrais que ma bien-aimée
Me pût entendre en tous les lieux

Tantôt dans quelque allée sombre,
Tantôt dans quelque cabinet,
Recherchant la fraîcheur de l'ombre,
Je chanterais là mon regret.

Si la fraîcheur donnait le somme
A ses beaux yeux pour reposer,
Reprenant la forme d'un homme
J'hasarderais de la baiser.

Et si je voyais que ma belle
Y prit quelque contentement,
Quittant le chant de Philomèle
Je ferais l'office d'amant.

Collection: 
1596

More from Poet

  • J'aime la solitude et me rends solitaire
    Pour penser librement à mes belles amours,
    Je cherche les forêts et les lieux les plus sourds
    Pour leur dire les maux qu'aux mortels je veux taire.

    Ils servent à mon deuil de loyal secrétaire,
    Recevant les soupirs que je...

  • Vous me dites toujours où tendent mes desseins,
    Et pourquoi je vous aime et vous rends du service :
    Vous pouviez bien savoir avant que je vous visse
    Quel peut être le but de l'amour des humains.

    Nous vivons dans le monde et parmi les mondains,
    Nos sexes sont divers...

  • Hé ! qu'est cela, Seigneur ? Vous qui êtes si doux,
    S'est-il pu rencontrer une main si cruelle
    Pour vous traiter ainsi ? Quelle fureur bourrelle
    A pu percer vos mains et vos pieds de ces clous ?

    Hélas ! tout votre corps est déchiré de coups,
    Le sang de tous côtés...

  • Chanson

    J'entends la triste Philomèle
    Qui chante la nuit et le jour :
    Mais je ne puis faire comme elle
    Qui dit librement son amour.

    Je voudrais en mes tristes peines
    Me transformer en cet oiseau,
    Pour aller chanter sur les chênes
    L'ennui qui me...

  • Assis au bord des eaux d'une claire fontaine
    J'ai l'oeil fixé dessus et l'esprit attentif
    Pour ouïr sourdement leur murmure plaintif
    Qui semble lamenter le tourment qui me gêne.

    Tantôt je suis assis, tantôt je me promène
    Et comme si j'étais quelque amant fugitif...