J'aime la solitude et me rends solitaire
Pour penser librement à mes belles amours,
Je cherche les forêts et les lieux les plus sourds
Pour leur dire les maux qu'aux mortels je veux taire.
Ils servent à mon deuil de loyal secrétaire,
Recevant les soupirs que je pousse toujours ;
C'est le trésor caché des regrets de mes jours,
L'air en est le registre et le vent le notaire.
Le vent écrit ma plainte et la répand en l'air,
Mes soupirs lui dictant mon martyre sans pair,
Et je me fie à lui parce qu'il n'a point d'âme.
S'il était animé, je tairais mon regret
Parce que j'aime tant en amour le secret,
Qu'on ne sait ni le bien ni le mal de ma flamme.