Si c'est dessus les eaux que la terre est pressée

Si c'est dessus les eaux que la terre est pressée,
Comment se soutient-elle encor si fermement,
Et si c'est sur les vents qu'elle a son fondement,
Qui la peut conserver sans être renversée ?

Ces justes contrepoids qui nous l'ont balancée
Ne penchent-ils jamais d'un divers branlement ?
Et qui nous fait solide ainsi cet élément,
Qui trouve autour de lui l'inconstance amassée ?

Il est ainsi, ce corps se va tout soulevant
Sans jamais s'ébranler parmi l'onde et le vent,
Miracle non pareil ! si mon amour extrême,

Voyant ces maux coulants, soufflants de tous côtés,
Ne trouvait tous les jours par exemple de même
Sa constance au milieu de ces légèretés.

Collection: 
1576

More from Poet

  • Si tant de maux passez ne m'ont acquis ce bien,
    Que vous croyez au moins que je vous suis fidelle,
    Ou si vous le croyez, qu'à la moindre querelle
    Vous me faciez semblant de n'en plus croire rien ;

    Belle, pour qui je meurs, belle, pensez vous bien
    Que je ne sente...

  • Voulez-vous voir ce traict qui si roide s'eslance
    Dedans l'air qu'il poursuit au partir de la main ?
    Il monte, il monte, il perd : mais helas ! tout soudain
    Il retombe, il retombe, et perd sa violence.

    C'est le train de noz jours, c'est ceste outrecuidance
    Que ces...

  • Mon Soleil qui brillez de vos yeux dans mes yeux,
    Et pour trop de clarté leur ôtez la lumière,
    Je ne vois rien que vous, et mon âme est si fière
    Qu'elle ne daigne plus aimer que dans les cieux.

    Tout autre amour me semble un enfer furieux
    Plein d'horreur et de mort...

  • Ma belle languissait dans sa funeste couche
    Où la mort ces beaux yeux de leurs traits désarmait,
    Et le feu dans sa moëlle allumé consumait
    Les lys dessus son front, les roses sur sa bouche.

    L'air paraissait autour tout noir des nuits funèbres
    Qui des jours de la...

  • Mais si faut-il mourir ! et la vie orgueilleuse,
    Qui brave de la mort, sentira ses fureurs ;
    Les Soleils haleront ces journalieres fleurs,
    Et le temps crevera ceste ampoule venteuse.

    Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse,
    Sur le verd de la cire esteindra...