Arsène Houssaye

  • Je retrouve là-bas le taureau qui rumine
    Dans le pré de Potter, à l'ombre du moulin ;
    - La blonde paysanne allant cueillir le lin,
    Vers le gué de Berghem, les pieds nus, s'achemine.

    Dans le bois de Ruysdaël qu'un rayon illumine,
    La belle chute d'eau ! - Le...

  • N'avez-vous pas vu, drapée en chlamyde,
    Une jeune femme aux cheveux ondés,
    Qui prend dans le ciel son regard humide,
    Car elle a les yeux d'azur inondés ?

    Son front souriant qu'un rêve traverse
    N'est pas couronné, mais elle a vingt ans.
    Et sur ce beau...

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    LE DÉPART

    Le printemps ! le printemps ! la magique saison !
    Le ciel sourit de joie à la jeune nature,
    L’aube aux cheveux dorés s’éveille à l’horizon,
    Dieu d’un rayon d’amour pare sa créature.

    Avril a secoué le manteau de l’hiver,
    Les marronniers...

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    Moissonneuse éternelle en la vallée humaine,
    Qui n’as pas de repos au bout de la semaine,
    Qui fauches sans relâche et ne sèmes jamais,
    Où donc as-tu porté les épis que j’aimais ?
    — O géante maudite aux mamelles pendantes,
    Vieille fille ennuyée aux colères...

  • L’heure a sonné : j’ai vu s’enfuir la charmeresse
    Qui couronne l’amour et chante les vingt ans,
    Qui suspend des rayons à ses cheveux flottants,
    Et qui m’a dit adieu pour dernière caresse.

    J’ai suivi trop souvent la pâle chasseresse
    Sous les pampres brûlés, dans les...

  • J’ai traversé deux fois le pays de Rembrandt,
    Pays de matelots — qui flotte et qui navigue, —
    Où le fier Océan gémit contre la digue,
    Où le Rhin dispersé n’est plus même un torrent.

    La prairie est touffue et l’horizon est grand ;
    Le Créateur ici fut comme ailleurs...

  • Racine est presque un Grec, Corneille est un romain ;
    Molière, tout Français, a marqué son chemin
    Sur le vieux sol gaulois avec sa muse franche,
    Qui marchait nez au vent et le poing sur la hanche,
    Œil vif, gorge orgueilleuse et bonnet de travers,
    Raillant les faux...

  • Je n’aurais pas donné ses fautes d’orthographe
    Pour les meilleurs feuillets de nos plus beaux romans.
    L’an passé, j’ai senti ses ensorcellements,
    Je veux être aujourd’hui son historiographe :

    Elle était fort jolie. Un galant photographe
    L’a gravée au soleil avec...

  • — Sonnet, que me veux-tu ? — Je chante les saisons !
    Le Printemps en sa fleur est l’amoureux poëte
    Qui souffle dans les luths de la forêt muette,
    Depuis les chênes verts jusqu’aux neigeux buissons.

    L’...

  • J’ai tout vu : la luxuriance
    M’a couronné dans mes vingt ans ;
    Mais je cherche encor la Science
    Sous l’arbre aux rameaux irritants.

    Des visions du vieil Homère
    J’ai peuplé tous les Alhambras.
    — Païenne ou biblique...