Le Parnasse contemporain/1866/Les Quatre Saisons

— Sonnet, que me veux-tu ? — Je chante les saisons !
Le Printemps en sa fleur est l’amoureux poëte
Qui souffle dans les luths de la forêt muette,
Depuis les chênes verts jusqu’aux neigeux buissons.

L’Été, c’est un penseur à tous les horizons :
Le matin il s’éveille aux chants de l’alouette,
On voit jusques au soir flotter sa silhouette,
Tant il aime à cueillir l’épi d’or des moissons.

L’Automne est un critique effeuillant la ramure
Pour voir le tronc de l’arbre et rêver sous le houx :
L’aveugle ! il ne voit pas que la vendange est mûre.

L’Hiver, un misanthrope, un spectateur jaloux
Qui siffle avec fureur, dans l’ouragan qui brame,
Les roses, les épis, les raisins et son âme.

Collection: 
1971

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Je retrouve là-bas le taureau qui rumine
Dans le pré de Potter, à l'ombre du moulin ;
- La blonde paysanne allant cueillir le lin,
Vers le gué de Berghem, les pieds nus, s'achemine.

Dans le bois de Ruysdaël qu'un rayon illumine,
La belle chute d'eau ! - Le soleil...

N'avez-vous pas vu, drapée en chlamyde,
Une jeune femme aux cheveux ondés,
Qui prend dans le ciel son regard humide,
Car elle a les yeux d'azur inondés ?

Son front souriant qu'un rêve traverse
N'est pas couronné, mais elle a vingt ans.
Et sur ce beau front la...

 
LE DÉPART

Le printemps ! le printemps ! la magique saison !
Le ciel sourit de joie à la jeune nature,
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Dieu d’un rayon d’amour pare sa créature.

Avril a secoué le manteau de l’hiver,
Les marronniers...

 
Moissonneuse éternelle en la vallée humaine,
Qui n’as pas de repos au bout de la semaine,
Qui fauches sans relâche et ne sèmes jamais,
Où donc as-tu porté les épis que j’aimais ?
— O géante maudite aux mamelles pendantes,
Vieille fille ennuyée aux colères...

L’heure a sonné : j’ai vu s’enfuir la charmeresse
Qui couronne l’amour et chante les vingt ans,
Qui suspend des rayons à ses cheveux flottants,
Et qui m’a dit adieu pour dernière caresse.

J’ai suivi trop souvent la pâle chasseresse
Sous les pampres brûlés, dans les...