Away with your fictions of flimsy romance,
Those tissues of falsehood which Folly has wove;
Give me the mild beam of the soul-breathing glance,
Or the rapture which dwells on the first kiss of love.
Ye rhymers, whose bosoms with fantasy glow,
Whose pastoral passions are made for the grove;
From what blest inspiration your sonnets would flow,
Could you ever have tasted the first kiss of love.
If Apollo should e’er his assistance refuse,
Or the Nine be dispos’d from your service to rove,
Invoke them no more, bid adieu to the Muse,
And try the effect, of the first kiss of love.
I hate you, ye cold compositions of art,
Though prudes may condemn me, and bigots reprove;
I court the effusions that spring from the heart,
Which throbs, with delight, to the first kiss of love.
Your shepherds, your flocks, those fantastical themes,
Perhaps may amuse, yet they never can move:
Arcadia displays but a region of dreams;
What are visions like these, to the first kiss of love?
Oh! cease to affirm that man, since his birth,
From Adam, till now, has with wretchedness strove;
Some portion of Paradise still is on earth,
And Eden revives, in the first kiss of love.
When age chills the blood, when our pleasures are past—
For years fleet away with the wings of the dove—
The dearest remembrance will still be the last,
Our sweetest memorial, the first kiss of love.
Arrière les fictions de vos romans imbéciles,
ces trames de mensonges tissues par la Folie !
Donnez-moi le doux rayon d’un regard qui vient du cœur,
ou le transport que l’on éprouve au premier baiser de l’amour.
Rimeurs, qui ne brûlez que du feu de l’imagination,
dont les passions pastorales sont faites pour le bocage,
de quelle heureuse source d’inspiration couleraient vos sonnets,
si vous aviez savouré ce premier baiser de l’amour !
Si Apollon vous refuse son aide,
si les neuf sœurs paraissent vouloir s’éloigner de vous,
ne les invoquez plus, dites adieu à la muse,
et essayez de l’effet que produira le premier baiser de l’amour.
Je vous hais, froides compositions de l’art.
Dussent les prudes me condamner et les bigots me désapprouver,
je recherche les inspirations d’un cœur
qui bat de volupté au premier baiser de l’amour.
Vos bergers, vos moutons, tous ces sujets fantastiques
peuvent amuser parfois, mais ne pourront jamais émouvoir.
L’Arcadie n’est, après tout, qu’un pays de fictions ;
que sont ces visions-là, comparées au premier baiser de l’amour ?
Oh ! ne dites pas que l’homme, depuis sa naissance,
depuis Adam jusqu’à nos jours, a été soumis à la loi du malheur ;
il y a encore sur la terre quelque chose du paradis,
et l’Éden revit dans le premier baiser de l’amour.
Quand l’âge aura glacé notre sang, quand nos plaisirs auront disparu, -
car les années pour s’enfuir ont les ailes de la colombe, -
le souvenir le plus cher et qui survivra à tous les autres,
celui que notre mémoire aimera le plus à se rappeler, c’est le premier baiser de l’amour.