Qu’il vive en Homme, et règne en Roi.
Frères ! en saluant d’un hymne d’espérance
Le futur héritier du premier de nos Rois,
En appelant sur lui, le jour de sa naissance,
Les bénédictions du glaive et de la croix,
Ne lui prodiguons pas des hommages sordides,
Et que la flatterie, étrangère à nos mœurs,
Épargne, au nom du Peuple, à ses lèvres candides,
Un lait qui corrompt tant de cœurs.
Au seuil si ténébreux du palais de la vie
Qui s’ouvre, à ses regards, sous un ciel attristé,
Sur ce berceau royal dont le Seigneur confie
La garde et le dépôt à notre loyauté ;
S’il s’élève une voix qui caresse ou qui gronde,
En répétant ces mots chers à tous les pouvoirs :
Roi ! respect à tes droits ; qu’une autre lui réponde :
Homme ! respect à tes devoirs.
Frères ! la Royauté, sous nos toits domestiques
Jette à peine un reflet de son premier éclat ;
Tombée, au jour marqué, de ses hauteurs antiques,
Elle n’est plus assise au timon de l’État ;
L’État, c’est le grand char, à la course splendide,
Par la flamme emporté sur un sillon d’airain ;
Le Peuple, est le chauffeur, le Parlement, le guide,
La Royauté, le frein.
Pour régner avec gloire au sein d’un pays libre,
Le fils saura du père adopter le passé ;
Il saura des pouvoirs maintenir l’équilibre,
Sans avoir à combattre un spectre terrassé ;
Ni dynastique orgueil nourri de despotisme,
Ni rêves belliqueux d’un illustre avenir,
Ne croisent sur son front les rayons de leur prisme,
Dont l’éclat pourrait l’éblouir.
Né, comme son pays, au milieu d’un orage,
Qu’il grandisse, avec lui, sous un ciel plus serein !
Que toujours sa vertu, que toujours son courage
S’élève à la hauteur de son noble destin !
Qu’il n’abaisse jamais, devant l’orgueil des mitres,
De son front mâle et fier la libre majesté,
Et peut-être le peuple, en faveur de ces titres,
L’absoudra de la Royauté.