Perspective

 
Le cuivre du trophée et le bronze du buste
Juxtaposent l’or jaune et la patine verte ;
Le carquois se suspend près de la corne ouverte,
Cérès en fleurs sourit à Diane robuste.

Le parquet de bois clair mire la fresque inverse
Où trône le Héros que la Victoire illustre ;
L’éclair silencieux rôde de lustre en lustre,
Et le soleil s’irise au cristal qu’il traverse.

Le glorieux Passé, nu sous son laurier d’or,
Par les fenêtres, voit se refléter encor,
Dans l’échiquier verdi des portes de miroirs,

Le lys mystérieux du jet d’eau, et, votifs,
Dressant sur le ciel clair leur double bronze noir,
Le cippe d’un cyprès et la stèle d’un if.

Collection: 
1884

More from Poet

  •  
    Je ne veux de personne auprès de ma tristesse
    Ni même ton cher pas et ton visage aimé,
    Ni ta main indolente et qui d’un doigt caresse
    Le ruban paresseux et le livre fermé.
     
    Laissez-moi. Que ma porte aujourd’hui reste close ;
    N’ouvrez pas ma...

  •  
    « N’avez-vous pas tenu en vos mains souveraines
    La souplesse de l’eau et la force du vent ?
    Le nombreux univers en vous fut plus vivant
    Qu’en ses fleuves, ses flots, ses fleurs et ses fontaines. »

    C’est vrai. Ma bouche a bu aux sources souterraines ;
    La...

  •  
    O Vérone ! cité de vengeance et d’amour,
    Ton Adige verdi coule une onde fielleuse
    Sous ton pont empourpré, dont l’arche qui se creuse
    Fait l’eau de bile amère et de sang tour à tour !

    Le dôme, le créneau, la muraille, la tour,
    Le cyprès dur jailli de la...

  •  
    Sépulcre de silence et tombeau de beauté,
    La Tristesse conserve en cendres dans son urne
    Les grappes de l’automne et les fruits de l’été,
    Et c’est ce cher fardeau qui la rend taciturne,

    Car sa mémoire encore y retrouve sa vie
    Et l’heure disparue avec la...

  •  
    Sois nombreux par le Verbe et fort par la Parole,
    Actif comme la ruche et comme la cité ;
    Imite tour à tour avec fécondité
    La foule qui demeure et l’essaim qui s’envole.

    Travaille, croîs, grandis ! que ta hauteur t’isole,
    Et dresse dans le ciel sur le monde...