J’aime à sonder l’azur, à poursuivre un nuage
Qui vole dans les airs comme un cygne sauvage
Regagnant vers le soir son nid dans les ajoncs ;
Mon regard l’accompagne et je vais sur sa trace
Jusqu’à ce qu’il s’arrête et lentement s’efface
Dans le rayonnement des vastes horizons.
Je contemple pensif l’étoile vagabonde
Qui d’un cours inconstant s’en va de monde en monde
Et passe tour à tour du nadir au zénith ;
Je pense que bien loin, au delà de la nue,
Dans une sphère étrange, à la terre inconnue,
Il est peut-être un point où l’univers finit.
Ce mystère du ciel me tourmente sans trêve,
Et, de ces régions où mon regard s’élève,
Mon cœur voudrait toujours sonder l’immensité ;
Il cherche le secret que dérobe l’espace…
Mais qu’il suive dans l’ombre un astre d’or qui passe
Ou se perde rêveur parmi l’obscurité,
Il ne déchiffre point ce problème insondable ;
L’énigme qu’il poursuit demeure insaisissable
Et la voûte d’azur ne se déchire pas ;
Et le grand infini, sphinx couronné d’étoiles,
Reste couvert toujours d’impénétrables voiles
Et ne rencontre point d’Œdipes ici-bas.
2 février 1882.