Une mère, vois-tu, c’est là l’unique femme
Qu’il faille aimer toujours,
A qui le ciel ait mis assez d’amour dans l’âme
Pour chacun de nos jours.
(A. de LATOUR)
Quand elle reposa, sous un tertre sans nom,
Celle à qui nous liait le filial chaînon,
Et que, sur ce gazon où l’arbuste s’incline,
Pleuraient ses fils enfans et sa fille orpheline,
Moi, qu’alors enfermait la zone d’orient,
Enfant insoucieux et prisonnier riant,
J’attendais, du vaisseau parti de la Balise,
Un mot, un souvenir, un baiser de Louise.
Le vaisseau vint…. alors, enfant désordonné,
Mon Dieu, je t’ai maudit et tu m’as pardonné !
Oh ! c’est que ton amour, c’est que ta pitié tendre,
Ètre mystérieux, avait su me comprendre !
Oh ! c’est que le blasphème et les mortels défis
S’excusent, échappés à la douleur d’un fils !
Au livre du péché l’ange inclinant sa face,
Pleure, et puis de sa main pieuse les efface.
C’est alors, qu’une nuit (toujours je m’en souviens),
Comme une voix d’en haut semblait me dire : «Viens,
» Viens, je sais endormir une tristesse amère,
» Viens, enfant, je serai ton adoptive mère,
» Viens, repose, orphelin, sous mon aile abrité :
» Ce qui meurt dans le temps vit dans l’éternité !»
(Juin 1837.)